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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Dimanche 3 février 2008 jour précédent jour suivant retour au menu
Le phare d'Ar-men et la BD
ou : suite à ma page d'hier et un mail de Pascal G., mon ami de Lesneven.
ou : décidemment, je n'en reviens pas de cette histoire (la construction d'Ar-Men)

Il vient de paraître il y a une semaine Armen, première bande dessinée de Briac, un type qui habite et travaille à Plougonven dans le Finistère.
C'est inspiré d'un épisode de la vie du phare pendant la seconde guerre mondiale. J' avais fait allusion à cet épisode dans ma première page sur Ar-men (qui relate la construction incroyablement épique du phare), de la manière suivante :
- Pendant l'occupation, en plus des deux gardiens, les allemands imposaient 3 hommes qui faisaient allumer le phare quand un bateau allemand passait au large, et le faisient éteindre pau après, laissant tous les autres dans le noir ...
En plus du barrage de la langue on peut imaginer l'ambiance !
N'empêche qu'un gardien français n'hésita pas à sauver un allemand tombé à l'eau pur récupérer un cormoran qu'il venait de tuer avec son mauser pour le manger le soir. C'était le 13 octobre 1941. Il Cet acte de bravoure lui vaudra une prime de 500 francs, deux cigares mais surtout la liberté à un ingénieur des Ponts et Chaussées prisonnier en Allemagne.
Les allemands avaient fait repeindre le mot breton Ar-men (la pierre, le rocher) en Armen.
Dans la bande dessinée de Briac, l'action se situe en 1943 et relate la rencontre entre Paul Marie Fanchec gardien de phare obligé de supporter la présence de Kloetz, officier allemand du Troisième Reich, et ses " imbéciles de subalternes ".
On imagine combien ce prétexte est parfait pour un huis-clos psycholique tendu et sur fond de mer déchaînée.
Sur la quatrième de couverture on peut lire :
" Tu dois bien rigoler, hein phare de malheur ? J'avais pourtant bien juré, il y a trois ans, de ne jamais remettre les pieds sur ton infâme carcasse. Et maintenant me voilà, moi, Paul Marie Fanchec, le plus jeune gardien-chef de l'administration des Phares et Balises, obligé de collaborer avec l'ennemi. Tout cela pour permettre aux saloperies de navires de la Kriegsmarineuh, comme ils disent, de rentrer tranquillement sur Brest. "
.. ..
Sur un autre site on dit de l'album Armen de Briac qu'il est une version bretonne du "Silence de la Mer".

Mais ce n'est pas le premier album de bande dessinée qui s'inspire de l'histoire du phare d'Ar-Men.
On se souvient de cet autre dessinateur breton, Bruno Le Floc'h, qui avait été lauréat en 2004 du douzième Prix René Goscinny pour son deuxième album (il a fait du chemin depuis !) aux éditions Delcourt : Trois éclats blancs .
Voilà comment on présente à l'époque cet album sur le site auracan (actualité de la Bd) :
« Trois éclats blancs » est une belle chronique narrant l'arrivée d'un jeune ingénieur dans un port du Sud-Finistère où il est chargé par l'administration parisienne d'ériger un nouveau phare. Inspiré par la véritable histoire de la construction du phare d'Armen (le chantier est situé sur un rocher qui n'est accessible qu'un mois par an), l'auteur, page après page, met en scène le microcosme d'une société en pleine mutation."
Située en 1911, l'histoire s'achève à la déclaration de la guerre en 1914. Cela n'est pas historique puisque la vraie construction a duré plus longtemps et plus tôt, de 1867 à 1881 (voir les vraies étapes et les difficultés rencontrées).
Mais le portrait de ces hommes-là, qui ont fait ce phare-là, est très bien rendue, et mieux : imaginable en pire, permettant de s'approcher de ce que dut être la réalité.
J'ai d'ailleurs toujours pensé que l'histoire de la construction d'Armen serait un très bon scénario d'une superproduction mettant en rapport la mer et l'homme avec en parallèle le déchaînement des éléments et la tenacité (entêtement sur une décision de construire un phare dans un endroit impossible, et son prix à payer) des hommes qui " connaissent parfaitement la mer mais qui sont en même temps incapables de la maîtriser."
On pourraît d'ailleurs, selon la mise en scène et le réalisateur, décider de lui donner une composante philosophique, et d'en faire une fable sur la vie tout court.
1867 7 accostages, 8 heures de travail 15 trous percés
1868 18 heures de travail 34 trous. crampons scellés.
1869 25 accostages, 44 heures de travail.
Ça fait donc de 1 à 2 heures par accostage
25 m3 de maçonnerie,
Une chappe de 30 cm est coulée.
1870 Quasi arrêt des travaux à cause de la guerre.
8 accostages seulement.
25 m3 de maçonnerie.
1871 8 accostages 1872 : 3 accostages
1873 6 accostages Des coffres sont mouillés à l'Est et les bateaux peuvent décharger les pierres et le ciment, grâce à un mât de charge.
- En 1975, la situation des travaux réalisés montre que la tour a commencé à s'élever,
- En 1877, la tour s'élève à 16,50m au-dessus du rocher et à 12,30m au-dessus des plus hautes mers,