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Vacances à Thiron-Gardais | 44ème jour : Dans la forêt sacrée d'Osun-Oshogbo |
En octobre 1986, Les 200 km à faire vers le Nord de Lagos constituaient
un voyage périlleux, dangereux. On risquait à tout moment d'être arrêté, racketté,
assassiné pour rien, pour une montre, pour quelques dollars, pour la voiture. Le Nigéria était un pays fou.
Cette forêt est un sanctuaire, le dernier de la culture Yoruba. Il est indissociable d'une
autrichienne
qui y a consacré sa vie depuis les années 50 : Suzanne Wenger.
Une femme de la trempe de quelques autres, du genre Alexandra David Neel au Tibet, Isabelle Eberhardt au Sahara et bien d'autres. Elle vivait encore à Oshogbo, et le but était de la rencontrer, le rendez-vous était pris avec elle dans sa maison folle de style brésilien. C'est Bernard B. qui avait avec ses connaissances universitaires à Ibadan, et ses relations locales, obtenu la permission, le guide, et les autorisations nécessaires pour pouvoir entrer et visiter cette forêt. Suzanne Wenger, faite prêtresse d'Osun, déesse de l'eau et de la fertilité, épousa un prêtre Yoruba et consacra sa vie à sauver la forêt et à la relever de ses ruines. Elle y attira artistes et volontaires pour restaurer les sanctuaires et les temples tout en mêlant éléments modernes et traditionnels, créant en même temps, une région attirant tous les artistes nigérians contemporains. En février de cette année 2008, il a été présenté, en première nationale, au Musée Branly un film de Pierre Guicheney, La dame d'oshogbo, retraçant sa vie et son oeuvre, marquant aussi l'inscription en 2005 par l'Unesco de cette forêt au patrimoine mondial. À ma connaissance Suzanne Wenger est toujours vivante dans sa maison à Oshogbo et doit avoir 93 ans. Les photos suivantes ne donnent qu'un aperçu de ce lieu unique, mystérieux, dérangeant, impressionnant. Les négatifs noir et blanc faits lors de cette journée sont encore plus impressionnants que ces vieilles diapositives. Mais je n'ai pas eu le temps ni le courage de les scanner. Je me souviens que ce sont les mantes religieuses qui m'avaient le plus impressionné et que j'avais pensé au peintre Matta. Je me souviens aussi que j'avais acheté plusieurs oeuvres aux peintres locaux en particulier des batiks exceptionnels de Yékini Atanda, élève de Suzanne Wenger qui relança aussi cette tradition nigériane, devenu par la suite un ami lors de ses séjours au Bénin, aujourd'hui une célébrité mondiale d'après ce que je découvre sur le net. Ses dieux yorubas sont encore alignés dans la pièce du haut près du lit où dorment mes filles. Personne n'a encore voulu les acheter. Dois-je ajouter que cette forêt sacrée m'habite encore, et que j'en traverse encore souvent les portes, y longe ses murs, visite les temples et reste inquiet, immobile au pied de ses statues aussi intrigantes, tordues, mystérieuses, incompréhensibles que géantes ? |
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La mante à la mâchoire humaine, si près d'un pénis, ça fait peur non ?
Que veulent donc les dieux yorubas ? Et doivent-ils s'emmêler autant les pieds pour implorer
le ciel de les délivrer ?
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Est-ce parce qu'ils sont aussi nombreux que les dieux grecs
qu'ils emplissent ainsi leurs temples,
et quelles prières les hommes y murmurent-ils dans
leur pénombre ?
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Est-ce toi Ogun, le grand guerrier, dieu du fer, de la forge,
et de la chasse qui peuple avec ton armée les chemins de la forêt ?
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Et quelles épopées racontez-vous sur vos murs, vous qu'on dit descendre des Ègyptiens?
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Ils ne m'ont bien sûr pas répondu.
Mais la journée passée dans cette forêt reste pour moi une expérience du sacré.
Peut-être un effet du silence, et des fantômes qui peuplent ma nuit dès qu'elle tombe. |