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Samedi 18 novembre 2006 | jour précédent | jour suivant | retour au menu |
De l'importance de la cuisine... et de l'espérance. à Saint-Malo ou ailleurs... Tout s'est tout de suite passé dans la cuisine en commençant autour d'un verre de Côtes de Bourg. J'aime les cuisines où on a envie de s'asseoir tout de suite en arrivant, où on se sent bien pour parler, boire, raconter les dernières nouvelles, commenter l'actualité, parler du temps ou du voyage, où on grignote tout en recevant celui qui passe là dire bonjour, tiens prends un coup, assieds-toi, où l'on ne s'arrête pas de faire la vaisselle parce que vous êtes arrivé, où il y a des miettes sur la table. ...J'aime les cuisines un peu bazar, vivantes, assister à la préparation du repas, y participer (comme éplucher des pommes) sans que l'on s'arrête de parler pour ça... Là chez Ronan, Anne et Gabriel, j'étais servi. Débarque alors Jacques L., chirurgien-dentiste de son état, grand guitariste et photographe qui possède le studio où ils travaillent en ce moment leur prochaine chanson, que je dois écouter sur le champ mais que j'entendrai mieux dans le studio cet après-midi, où il faut que je passe de toutes façons écouter une commande pour Beaubourg...Évident mon cher Watson, Il y a encore une heure, j'étais dans la voiture en train d'écouter la Grande Bretèche lue par François Bon, 300 kilomètres depuis Thiron-Gardais sans arrêt, et demain j'ai cinq paquets de copies à corriger pour rendre ma disquette de notes lundi ! À boire par pitié ! Un petit clin d'oeil à certains objets océaniens que je reconnais comme avoir été miens, autant de clins d'oeil à mes galères, Ronan ayant toujours eu la gentillesse de m'acheter " des choses " quand j'avais besoin d'argent... Juste le temps de passer à Emmanuel Tugny, qui est son nom d'écrivain, de chanteur, musicien, parolier, auteur-compositeur et je ne sais pas quoi d'autre puisqu'il sait tout faire et qu'il n'a peur de rien. Il me montre son dernier livre : la Reine Eupraxie, écrit avec Henri-Pierre Jeudy (avec des dessins tout petits d’André Machayékhi) et me raconte des histoires croustillantes sur Dani (dont il imite très bien la voix) (pour laquelle il avait écrit 5 chansons de son dernier disque Laissez-moi rire...). Quelques pas dans la ville, j'ai besoin de marcher. On achète des cigarettes. On se dirige vers " le studio" qui est en fait l'appartement de Jacques L. Changement de décor ! Je vois ce que c'est quand une passion envahit la vie ! Machines, fils partout, bazar où Bartok est posé à côté de Tintin et de l'aspirateur, amplis, claviers, balafon, banjo, et autres instruments (j'ai compté par moins de 12 guitares différentes) et des fils, des fils partout, des micros, des ordis, des consoles avec plein de boutons et de voyants, rouges ou verts. À peine si on peut poser les pieds par terre et trouver un endroit où s'asseoir. C'est l'appartement de Jacques L. Suites de prises, de pistes qui s'entassent, ils arrivent même à me faire enregistrer et chanter sur un refrain le mot " espérance " ! C'est une chanson pour Johnny, je ne veux pas en croire mes yeux. Emmanuel Tugny, n'a peur de rien. Contemporain, il l'est ! Il m'avait écrit une fois " l'espérance, voilà la nourriture du sublime !". En tout cas la chanson est vachement belle et les guitares efficaces. Ils enregistrent après des radios qui craquent, des signaux en morse et je ne sais quel bidouillages. Ça c'est pour Beaubourg, une musique de fond pour une performance de je ne sais plus quelle fille... Je m'endors. La nuit tombe. Je n'ai pas vu passer le temps. Nous rentrons et ressors avec Anne chercher du pain. Suis étonné de cette envie de marcher dans ces vieilles rues de la cité. Anne remontera plus tard de la cave quelques Margaux et autres étiquettes... Nous parlerons, après une période de fous rires, plus sérieusement, de ce qui nous tient un peu plus à coeur, de la littérature, de nos projets, des leurs au Brésil, d'Internet, des gens, puis du silence qu'il est peut-être nécessaire d'imposer à certains moments de sa vie... Tugny toujours aussi brillant et séduisant quand il se met à improviser ses théories. Me ressouviens encore d'un mail où il m'avait écrit : " " Je me souviens à peu près de Clément Rosset glosant Schopenhauer : "le désespoir est encore un système, fonder sur du système, c'est n'être qu'à moitié philosophe, le réel est idiot, simple, c'est à dire a-systématique". Tu peux être fier de ne pas toujours tenir ce type de discours sur les choses ou à tout le moins d'attester par ton énergie que tu ne te fais qu'une confiance limitée quand tu les tiens. Être vivant ce n'est pas une mince affaire si cela signifie être davantage que la vie dans la vie. " Je monte me coucher plein d'énergie et d "espérance". Avec de quoi penser. |