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Samedi 20 janvier 2007 | jour précédent | jour suivant | retour au menu |
Huit phrases que je me suis dites cette semaine. Sachant bien qu'elles ne présentent pas beaucoup d'intérêt pour les autres. Quoique, à la limite...ce n'est pas à moi de décider. - Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre d'une seule traite. (le dernier était La fin du monde en avançant de Bergounioux). Là il s'agit de Comment parler des livres qu'on n'a pas lus de Pierre Bayard, brillant, intelligent, bien écrit, qui donne à penser et à sourire... et m'a réconforté dans mes doutes et des décisions récentes personnelles. Comme il arrive qu'on se dise de temps en temps : " un livre qui tombe juste au bon moment." parce qu'il nous conforte dans notre chemin, dans nos pensées, et parce qu' il nous aide, juste à ce moment-là, face à nos questions. Regrette seulement qu'il ne fasse pas un clin d'oeil à Asphyxiante culture de Jean Dubuffet, qui 40 ans avant lui, affrontait deux ou trois choses contre la mode et la bonne pensée ambiantes, et qui reste plus que jamais, au temps des blogs, d'une actualité décapante. " L'endoctrinement est maintenant à un tel degré qu'il est extrêmement rare de rencontrer une personne avouant qu'elle porte peu de considération à une tragédie de Racine ou à un tableau de Raphaël. Aussi bien parmi les intellectuels que parmi les autres. Il est même remarquable que c'est plutôt parmi les autres, ceux qui n'ont jamais lu un vers de Racine ni vu un tableau de Raphaël, que se trouvent les plus militants défenseurs de ces valeurs mythiques." Je l'ai relu de ce fait, d'une traite aussi, hier soir, avec en prime, la maison étant froide et le sommeil parti, le livre qu'on a trouvé sur sa table quand il est mort en mai 1985 : Bâtons rompus. 125 réponses à 125 questions. (L'histoire de ce livre se constitue en plusieurs épisodes, que je n'ai pas le temps de raconter là.) - Chartres vraiment, c'est mortel. (place centrale de cette aire urbaine de 130.000 habitants, mercredi soir vers 21h30) - Tu devrais t'occuper plus de ta mère, quand elle sera morte, il sera trop tard...Quand mon grand frère m'apprit par téléphone hier midi, qu'on l'avait transportée à l'hôpital de Dreux, pour examens sérieux, suite à une chute où elle est restée un certain temps inconsciente par terre, la nuit précédente. Elle ne se souvient pas d'être tombée dans les pommes, mais est impressionnée par des traces de sang trouvées sur le mur de la cuisine. - Oui, je suis d'accord, je pense ça aussi aujourd'hui En ouvrant au hasard ce matin le livre laissé au pied de mon lit. fin de la réponse à la question 104 : ...On rencontre des gens dont l'humeur est si fort éprise de création qu'ils l'introduisent aussi dans toutes les actions de la vie pratique journalière; ils deviennent alors impropre à la vie sociale et n'ont plus de refuge qu'à l'hôpital psychiatrique. C'est où on trouve des personnes qui ne se contentent pas de vivre leur création parallèlement à la vie pratique, mais qui veulent la matérialiser si complètement, si intensément, qu'ils l'étendent à toute leur vie quotidienne et sociale, l'assumant ainsi entièrement et jusqu'à la complète aliénation. Question 105 Q.- Tenez-vous l'art pour une pratiquer de connaissance de la réalité ? R.- la notion de connaissance est un leurre.[...] je dirais que l'art qu'il est une pratique d'invention de réalités de rechange, autres que la réalité instituée conventionnellement. cette dernière est une prothèse à l'usage social. L'art est une pratique d'invention de nouvelles prothèses de réalité, à usage personnel. - J'en ai un peu marre de cette prothèse-là me suis-je dit en mangeant un chocolat et en comptant qu'il n'en restait que 19. Elle commence à m'encombrer un peu trop, ajoutais-je en relisant le dernier mail de J. : " Les gens réfléchissent trop à ce qu'ils doivent faire et trop peu à ce qu'ils doivent être. » [ Maître Eckhart ] - Tu lis encore trop de blogs ou de bloc-notes. (deux fois cette semaine) qui ne mènent à rien et qui ne t'amènent plus rien. Sans compter ceux qui vraiment te dépriment. De toute façon, la dernière étude montre qu'il y en a plus de 2 millions et que plus de deux millions de personnes en France écrivent et rêvent d'être publiées ! Peut-être vaut-il mieux s'occuper des gens qui sont là autour de toi et qui te tendent la main, des lapins qui saccagent ton jardin, et d'en rester avec tes vieux livres qui sont là dans ton dos, et dont ce n'est pas demain la veille que tu en auras fait le tour. - Pourtant j'ai fait des progrès J'y passe moins de temps qu'avant et ne regarde plus que les blogs que j'appelle " amis ", ceux dont l'auteur(e) me répond quand je lui envoie un mail. Car entre nous, à quoi ça sert de faire un blog public si on ne daigne même pas répondre à celui qui s'y intéresse, ni même à vos bons voeux pour l'année suivante ? Mais bon, pourquoi m'étais-je mis dans la tête que les gens dans le monde virtuel seraient autres que dans la réalité ? Si on y réfléchit bien, y'a pas de raisons. On y retrouve les mêmes jeux, enjeux, abus de pouvoir, égos et narcissismes, mensonges, artifices ou triches, aigreurs et autres supercheries... Et les mêmes belles rencontres ! C'est la vie quoi ! Chacun reste libre de ses prothèses et de ses illusions. Je me demande comment j'ai pu espérer un instant qu'Internet, conçu et fait par des êtres humains, échapperait (un peu) à la réalité et serait l'occasion d'améliorer l'espèce. Les générations futures devront s'y faire, même si quelques-uns encore croient pouvoir y résister ou faire pour que cela ne devienne pas un enfer de plus. Ils ont raison pourtant. Le monde a toujours eu besoin des éclaireurs et des vigilants. Je pense que la partie est jouée, que Big brother a remporté déjà la manche financière et celle de la surveillance (pour ne pas dire flicage) de cette révolution-là. Le pire est à venir. Je suis content, à mon âge, de savoir que je n'en verrai pas tout. J'avoue que je deviens fou à l'idée que je n'arrive pas à imaginer le monde dans lequel vivront mes enfants (7, 10 et 17 ans) dans 25 ans, et que j'en ai une sorte d'angoisse quand j'y pense. Est-ce une lâcheté que de penser que sa mort sera pour soi bienvenue ou libératrice ? - Ouah c'est beau. (devant l'étang de Sainte-Anne à Thiron, en rentrant du collège (lundi ?) |