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ma vie dans le Perche
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Propos sur la
littérature et la peinture. |
jeudi 20 juillet 2006 | jour précédent | jour suivant | retour au menu |
Étude bergounienne no 6. (Fausse inspection) du prof de Français dans Catherine, pemier roman de Pierre Bergounioux. Dans Catherine, premier roman de Pierre Bergounioux, paru en 1984 chez Gallimard, le narrateur, est professeur de français dans un petit bourg de Corrèze. Abandonné par sa femme (Catherine), il essaie de survivre à sa douleur et à sa solitude. Mais on le sait tous, l'Éducation nationale ne tient pas compte des problèmes de ses enseignants. Il faut enseigner coûte que coûte, même si on a l'enfer dans sa tête, et qu'on a vraiment autre chose à penser que le cours à faire. La mort dans l'âme, le fonctionnaire doit fonctionner ! Dans le chapitre V (p.105), on le voit une fois de plus (la troisième dans le roman) aller faire cours, dans des conditions psychologiques épouvantables. Il a posté la veille une lettre écrite à sa femme (après en avoir mûri, en bon professeur de français, le plan et le contenu), ce qui lui laisse, d'après ses calculs, trois jours pour avoir une réponse, qui dans le cas où il l'imagine négative, conduira à son suicide, dont il n'arrête pas d'imaginer les modalités possibles. |
On imagine facilement dans quel état il va faire cours, après une soirée et une nuit épouvantables, et un lever peu encourageant. Début de cette journée (et du chapitre V)(qui est donc la première d'un compte à rebours vital pour le narrateur) |
Arrivée en cours. On comprend qu'il va donner aux élèves un travail à faire qui va lui permettre
de passer le temps sans avoir à intervenir ni agir. C'est une vieille astuce de prof : faire un devoir surveillé.
Mais le prof de français a plus de ressources, il peut donner une rédaction à faire en temps réel,
ce qui est ici le cas nous allons le voir... |
Mais imaginons que ce jour-là, un inspecteur assiste au cours, inspection prévue de longue date et que le professeur, vu les épreuves douloureuses qu'il traverse depuis quelque temps, a complètement oublié. Le narrateur s'en fout et on le comprend (quand on est à trois jours d'un suicide possible décidé et mûri...). Mais l'Inspecteur lui, convaincu du bien-fondé de sa noble mission d'évaluation, va faire son rapport sérieusement, convaincu de sauvegarder la qualité de l'enseignement public. C'est son rapport, qu'il va faire dès le soir même sur son portable fourni par le Ministère, dans sa chambre d'hôtel minable, (les Inspecteurs ont l'habitude de faire des " tournées d'inspection ", leur permettant ensuite de rester de longs mois, voire des années, sans revenir " dans le coin" ) que nous pouvons lire ci-dessous. |
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Les inspecteurs n'ont pas souvent d'humour, mais en l'occurence celui-ci a senti que l'enseignant n'était pas " là "
et qu'il avait des problèmes. Il faut lire
ce chapitre (et le livre en entier, premier roman plus que prometteur) car ce cours n'est que le premier
de cette difficile journée, ou de plus il doit faire cours tout le matin et l'après-midi, ce qu'entre professeurs
on appelle souvent " une grosse journée " . Il en fera par exemple un autre l'après-midi, absolument époustouflant (p.114 et 115) sur l'emploi de l'indicatif, du conditionnel et du subjectif. Texte d'anthologie où l'on reconnaît Bergounioux le prof agrégé, qui lui-même publiera plus tard chez Nathan (en 2002) Aimer la grammaire ... Dommage que l'inspecteur soit déjà reparti ! Il est des fois où les choses se jouent à quelques heures près... (Ça me rappele avec tristesse la mort de Walter Benjamin...qui s'il était arrivé un jour plus tôt à Port Bou, ne serait sans doute pas suicidé...) - Et alors, il pense à quoi pendant qu'ils font leur rédaction sur MOI. ? À sa femme ? - C'est incroyable mais non, à ce moment-là il réfléchit sur Flaubert... - ? - Flaubert est primordial dans ce livre... qui devait s'appelait, sans l'intervention de Pascal Quignard, je le répète, Les mésaventures de Gustave Flaubert... - ! - Mais tu sais, ce qu'il raconte aux gamins pour leur faire comprendre de quoi il faut parler, pour écrire sur MOI, c'est vraiment bien...et efficace. - Efficace ? - Oui, parce que ce que ne dit pas le rapport de l'inspecteur, c'est que les copies qu'il ramasse font toutes au moins une page, et que les gamins avaient finalement compris... - Et il leur dit quoi alors ? - Alors là, je ne te le dirai pas, tu n'as qu'à le lire... Comme dirait ma fille Léa, " C'est trop bon ". |