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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Mardi 29 août 2006 jour précédent jour suivant retour au menu
Retrouver une maison à Vierzon...
Je sais depuis quelques jours seulement où était exactement la boulangerie qu'ont tenu mes parents à Vierzon du 1er juillet 1952 au 6 février 1954. D'après le Journal général que je viens de récupérer, c'était au 36 de la rue du Maréchal Joffre.
Je n'y suis jamais retourné depuis. Je me souviens que c'était une vieille maison du XVème siècle avec des étages et des colombages. Beaucoup de mes premiers souvenirs s'y déroulent et je voulais revoir l'endroit, et c'est hier, profitant de mon retour de Montpellier, que je l'ai recherché.
Jacky se souvient que c'était au coin de la Place du marché au blé. Je commence donc par la chercher et la trouver. Elle s'appelle aujourd'hui place Vaillant Couturier.
La rue qui descend en parallèle derrière cette place est la rue du Maréchal Joffre.
C'est une rue piétonne pavée et interdite à la circulation automobile.
Sur la plaque je découvre que c'était au Moyen-Âge la " Grande rue ", spécialisée dans le commerce de luxe, et que la maison située au no 36 est bien classée monument historique.
le soubassement à arcades de pierres était l'emplacement du fournil et du four à pain bien sûr.
Je descends cette rue en marchant lentement et en cherchant le no 36.
Je pense que je ne pourrai pas recueillir beaucoup de souvenirs de la part des gens qui y habitent : nous sommes lundi, il est midi et la plupart des magasins sont fermés.
Quand j'arrive à la hauteur de la rue du bas de la place, je la reconnais vite et n'ai pas besoin de vérifier qu'il s'agit bien du no 36.
Elle a été entièrement restaurée et récemment vient de s'y ouvrir un magasin de " Prêt-à-porter masculin ville et cérémonie ". On y vend aussi des Accessoires et Idées cadeaux.
Je prends des photos de tous les côtés pour montrer à Jacky, mon frère aîné, qui se souvient mieux que moi des magasins environnants de l'époque (il avait déjà 8 ans), dont un marchand de meubles, dont il m'a parlé souvent, et dont je ne retrouve pas la trace aujourd'hui.
Sur le côté pair de la rue, celui du magasin,et contre lui on trouve " Mille trouvailles " et un magasin de tissus, tous deux fermés, à cause du lundi.
En face, de bas en haut (la rue descend) un magasin de fleurs (La grange aux fleurs), une compagnie d'assurances, un coiffeur dames, un magasin appelé Micado, un autre t'atou (vêtements et bazar), une agence de voyages (Simplon Voyages), puis encore un magasin de cadeaux (J'offre) (jeu de mots avec le nom de la rue !)
Dans la rue qui va de la maison sur la place, il y a un cabinet d'avocat. Au moment où je passe, une dame en sort. Je lui demande si elle sait qu'il y avait à côté une boulangerie avant... Elle me répond : " oui, c'est vrai."
Voilà, je fais encore quelques photos et marche autour de la maison où j'ai vécu de 3 à 4 ans et demi.
C'est ici que se sont passés quelques-uns de mes premiers souvenirs forts :
- le cirque Pinder (un clown était entré dans la boulangerie pour donner une affichette pour la vitrine, et m'avait pris sur ses épaules), à l'époque où les cirques faisaient de grandes parades dans les villes (et celles de Pinder étaient des plus extraordinaires)
- c'est là que "l'édredon de mémère" m'avait tant fait souffrir (histoire incompréhensible pour le lecteur, je sais, mais capitale dans ma vie), un gros édredon rouge, comme celui qui est sur le lit de Van Gogh
- c'est là que Jacky, qui me gardait, m'avait emmené voir en ville Le salaire de la peur, premier film dont les images me restent, et dont je parle dans un de mes livres...
Le livre de Georges Arnaud (de son vrai nom Henri Girard, connaissez-vous sa vie complètement dingue, soupsçonné entre autre,d'avoir tué à coups de serpe son père, sa tante, la domestique et le chien...?), avait été publié en 1950 (je suis né en mai 49), et le film avait été tourné par Clouzot en 1952. C'est ce film qui avait eu le grand prix du festival de Cannes en 1953 ( Cette année-là, on trouvait au Jury Jean Cocteau (Président) ! On y trouvait aussi Abel Gance et cet acteur que j'aime tant Edward G. Robinson). J'ai donc vu ce film, sans doute en 53, dès sa sortie à Vierzon, (que nous avons quitté en février 54)
De quoi apercevoir, après avoir repris la route vers Thiron-Gardais, dans la pluie à travers les essuie-glaces, de bien belles images...