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ma vie dans le Perche
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Propos sur la
littérature et la peinture. |
Vendredi 29 décembre 2006 | jour précédent | jour suivant | retour au menu |
Autrement dit... Profitons encore des baisers de 2006... Je me suis endormi rêveur hier soir en lisant dans le bas de la page 14 d'Extrèmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, offert par Édouard et Martine : " Quoiqu'il en soit, le truc hallucinant, c'est que j'ai lu dans National Geographic qu'il y a plus de gens vivants aujourd'hui qu'il n'en est mort dans toute l'histoire de l'humanité. Autrement dit, si tout le monde voulait jouer Hamlet en même temps, ce serait impossible, parce qu'il n'y a pas assez de crânes !" Je me suis rappelé aussi que la lecture d'Hermann Hesse, Le loup des steppes, Le Jeu des perles de verre, Narcisse et Goldmund, entre autres, avait été déterminante pour moi, aussi dévastatrice qu'indélébile, faite l'été 1967, entre ma sortie de l'École Normale de Chartres et mon entrée à L'université de Rouen Mont-Saint-Aignan, j'avais tout juste 18 ans, et les 11 livres de Hesse qui sont encore à trois mètres derrière moi au moment où j'écris, sont parmi les plus surlignés que je possède. Me relevant pour les feuilleter, je m'aperçois, que le crayon à papier de l'époque commence à s'éclaircir sérieusement, ainsi que les commentaires que j'avais laissé dans les marges. Encore quelque temps et il n'y aura plus trace de mes lectures...Par contre le papier de certains livres a bien jauni et s'est tâché sur les tranches...On dirait même que certains sont en train de rouiller... Toute la matinée bouche-buée devant la campagne givrée. Je cède à mes filles qui veulent visiter, dans un froid intense, le palais des sorcières à Neuilly sur Eure. Est-ce le prix à payer pour voir une fois de plus l'émerveillement et le plaisir dans les yeux des enfants ? Visite de Patrice Cujo de la Réunion pendant que Emmanuel Tugny doit être dans son avion pour le Brésil, et les Milvoy dans le leur pour rentrer définitivement de Saint-pierre et Miquelon...pour s'installer à Bourges. Ma géographie des amitiés, souvent mouvementée...va devoir une fois de plus modifier ses cartes. Dépêchons-nous d'être encore les rois et reines d'un monde qui nous échappe de plus en plus, de souhaiter à tous 12 mois de santé et de bonne humeur (est-ce trop demander ?), d'oublier toutes les emmerdes de l'année qui s'achève, de fuir tous les bêtisiers à la mode, de prendre des résolutions qu'on sait déjà qu'on ne tiendra pas, d'espérer on ne sait finalement plus trop quoi, même si on va nous demander dans quelques mois à quelle sauce on préfère être mangé... Christian Dufourquet, qui a tout compris, m'envoie ce mail : "En pensant à la fin programmée de ton journal, je te rappelle les vers de Pessoa dans Tabacaria, qui sont les moins intéressants à ma lecture, mais qui, bizarrement, connaissant ton projet, prennent tout leur sens : "(Mange des chocolats, petite ; Mange des chocolats ! Songe que toute métaphysique au monde est chocolats. Songe que toutes les religions n'en apprennent pas plus que la confiserie. Mange, petite sale, mange ! Si je pouvais seulement manger des chocolats avec autant de vérité ! Mais hélas je pense, et quand j'ôte le papier d'argent - simple feuille d'étain - Je jette tout par terre, comme j'ai jeté ma vie)." |