Sémiotiques... les cerises

Un de mes fantasmes
Être gardien de phare.
(no 6 : Jean-Pierre Abraham et la Jeune fille au turban de Vermeer)

Gardien du phare d'Ar-men, j'ai déjà dit qu'il y emmenait 3 livres : un grand album sur Vermeer, un album moins grand sur un monastèrer cistercien (l'Abbaye Notre-Dame du Port-Salut) et un livre de poèmes de Pierre Reverdy.
Dans Armen, il parle de plusieurs tableaux de Vermeer mais revient sans cesse sur la Jeune fille au turban.
J'ai déjà dit mon étonnement de la manière dont il en parle la première fois, dès la page 21 du livre (la 13ème du texte), maintes fois épinglé sur les murs et qu'il ne supporte plus :
"J'ai gardé trois livres après tant d'années. L'Album Vermeer. La jeune Fille au Turban. J'ai piqué cette reproduction au mur de bien des chambres déjà. Pas ici. Je n'ose même pas la regarder, elle me regarde trop."
Ne plus pouvoir "voir en peinture" une peinture, parce qu'elle vous regarde " trop " !
Mais n'est-ce pas le lot de toute figure sur un mur, que vous savez qu'elle vous regarde même quand vous ne la regardez pas. On sait qu'elle est là, et qui ne fait que vous suivre de son regard... Le regard de l'autre sur soi est difficile à supporter dès qu'il devient insistant. Ilm'est arrivé en cours que des élèves me demandent, gênés, inquiets voire angoissés, pourquoi je les regardais, qu'est-ce qu'ils "avaient fait de mal "... . Je réponds alors en fuyant par un " il faut bien que je regarde quelqu'un non ? " ou " Je ne vais pas vous parler en regardant le plafond !"...Mais tout regard pose problème.
Que regarde cette jeune fille en effet, et qu'en pense t-elle à défaut de " que pense-t-elle ?".