En ouvrant ce matin mon courrier j'ai trouvé le mail d'une lectrice fort sympathique qui visiblement avait lu ma saga Luminais (commencée le 28 février) et qui me pose le problème de Guénolé, vous savez le cavalier rajouté par Luminais sur son tableau pour accompagner le roi Gradlon et l' encourager à sacrifier sa fille Dahut dans les flots...
Cette lectrice était de bonne heure sur Internet, et voilà sa surprise (je ne crois pas qu'elle m'en voudra de la citer, vu que c'est fort intéressant, bien écrit et surtout drôle ) :
"En ouvrant la page d'accueil de wanadoo, ce matin, j'ai découvert dans l'éphéméride que nous étions la Sainte (!) Guénolé. Je sais qu'il y a une embrouille autour du sexe des anges mais celui des Saints, je ne savais pas. Quoique l'erreur s'était déjà produite dans l'autre sens à propos de Sainte Thècle.
Mais revenons à Guénolé. Je suis allée voir sur le calendrier de La Poste quel était le sexe du saint mais pas de chance aujourd'hui, c'est la mi-carême et donc, pas de fête à Guénolé ! Alors, j'ai ouvert La légende Dorée, mais du breton, il n'est pas fait mention. Puisqu'il a été peint, ce saint homme pourquoi ne figurerait-il pas dans le Guide iconographique de la Bible et des Saints (Flammarion) ? Et bien, non, il n'y est pas.
Il est vrai que ce saint n'est pas certifié conforme par le Vatican. Il y a la sainteté d'en haut et la sainteté d'en bas... même pour eux la vie éternelle n'est pas facile."
Je me suis donc empressé d'aller vérifier. On peut lire en effet, sur la droite Sainte Guénolé avec un peu plus loin, offrez des fleurs, ce qui est fort drôle car ridicule, j'expliquerai après pourquoi.

Soyons clair : Sainte Guénolé n'existe pas car elle n'a jamais éxisté. Il s'agit bien de Saint Guénolé Monsieur dont l'histoire est connue, attestée, ce qui n'empêche pas qu'il se soit retrouvé malgré lui, au fil des siècles (et au fil de l'eau), dans tout un tas de légendes comme celle de la ville d'Ys dont un épisode est faussement interprêté par notre cher Evariste Vital Luminais dans son tableau approché avant-hier, la fuite de Gradlon.
Les seuls portraits de Guénolé sont ceux des reliquaires (comme celui ci-dessous qui est du XVè siècle et qui se trouve dans l'église de Loquénolé), le tableau de Luminais (1884), ou autres statues de bois qui peuplent les églises bretonnes.
Notre Saint Homme étant né en 462 à Plou-Fragan près de Saint-Brieuc, et étant mort le 3 mars 530 (le 3 mars bien sûr puisqu'on fête les saints le jour de leur mort) on est donc sûr que les représentations que l'on possède sont totalement imaginaires et inventées.

Mais on connaît sa vie assez bien car on l'a racontée (donc inventée) de nombreuses fois (depuis le 9ème siècle par le moine Gurdisten jusqu'au Père Marc Simon, Saint Guénolé et l'abbaye de Landevennec. Ed. J-P. Gisserot, 1997, et dans tous les livres qui racontent la vie des saints en général, comme celui du Père Joseph Chardronnet, Le livre d'or des saints de Bretagne...).
Précisons d'abord, chère lectrice que notre saint homme étant né d'une famille de réfugiés d'Angleterre, fils de dame Gwen et d'un notable gallois, il s'appelait de son vrai nom Winwalloë.
Ce qui explique que Guénolé est aussi connu, selon les églises et les pays sous les noms de : "Bennoc; Guengalaenus; Guengaloeus; Guenole; Guingalois; Gunnolo; Gwenndo; Gweno; Ouignoualey; Valois; Vennole; Vinguavally; Waloway; Wingaloeus; Winwalde; Winwalloc; Winwalloe; Wonnow; Wynolatus; Wynwallow; Winwaloe ".
Rien de tel pour simplifier les choses, n'est-ce pas ! Mais comme toujours (dans la vie?) le pire est peut-être à venir .

Je voudrais, avant d'en finir pour aujourd'hui (et revenir une autre fois, peut-être demain, sur les saints et leurs calendriers) apporter deux précisions sur Guénolé.
La première est que ce prénom est mixte. Il peut être un prénom masculin ET un prénom féminin, tout en gardant exactement la même orthographe.
Ma remarque du début sur les fleurs commerciales de Wanadoo vient du fait que ce prénom est très peu choisi en France, y compris en Bretagne.
Les chiffres sont là : Il n'a été choisi comme prénom masculin que 250 fois depuis 1900 (avec un record pour l'année 1988 où 25 bébés ont été nommés Guenolé), et comme prénom féminin que 6 fois depuis 1900 (avec seulement 3 bébés en 1979 et 3 bébés en 1990). (Pour être complet, il semblerait qu'il existe aussi un très rare Guénola)
La question est : Croyez vous que c'est rentable pour les fleuristes ?

La deuxième est que Guénolé est celui qui a fondé, vers 485, le monastère de Landévennec (Landevenneg en breton) . Après une longue histoire (une toute autre histoire encore) savez-vous quelle est aujourd'hui la spécialité des moines de l'abbaye Saint Guénolé ?
Il s'agit de la fabrication de pâtes de fruits, faites avec les pommes provenant des vergers de l'Abbaye. Il en existe plusieurs gammes toutes plus alléchantes les unes que les autres vendues sous le label MONASTIC. On peut en télécharger sur Internet le bon de commande.