Le mercredi 16 novembre 2005
Monsieur le Président du HCE,
Je vous remercie de votre message
ci-dessous qui nous donne
l'ordre du jour de la prochaine réunion.
Je ne peux m'empêcher de réagir sur
certains points qui me plongent dans le désespoir.
Le principal est le suivant:
- appel aux experts de
l'Education nationale : Inspections générales et directions de l'administration
centrale, en particulier direction de l'évaluation et de la prospective et
direction de l'enseignement scolaire,
Pour moi, c'est exactement comme si
nous étions un "Haut Conseil des Droits de l'Homme" et si nous
envisagions de faire appel aux Khmers rouges pour constituer un groupe
d'experts pour la promotion des Droits Humains.
Je m'explique: depuis un an et demi
que j'ai commencé à m'intéresser sérieusement à l'état de l'éducation dans
notre pays – en lisant tous les livres de témoignage
d'instituteurs et de professeurs que j'ai pu trouver, en recueillant
systématiquement tous les témoignages oraux ou écrits d'enseignants avec qui je
peux être en contact, en interrogeant moi-même des jeunes pour jauger ce qu'ils
savent ou ne savent pas – je suis arrivé à la conclusion que notre système
éducatif public est en voie de destruction totale.
Cette destruction est le résultat de
toutes les politiques et de toutes les réformes menées par tous les
gouvernements depuis la fin des années 60. Ces politiques ont été voulues,
approuvées, menées et imposées par toutes les instances dirigeantes de
l'Éducation Nationale, c'est-à-dire en particulier: les fameux experts de
l'Education Nationale, les corps d'Inspecteurs (recrutés parmi les enseignants
les plus dociles et les plus soumis aux dogmes officiels), les directions des
administrations centrales (dont la DEP et la DESCO), les directions et corps de
formateurs des IUFM peuplés des fameux didacticiens et autres spécialistes des
soi-disant "sciences de l'éducation", la majorité des experts des
commissions de programmes, bref l'ensemble de la Nomenklatura de l'Education
Nationale. Ces politiques ont été inspirées à tous ces gens par une idéologie
qui consiste à ne plus accorder de valeur au savoir et qui mêle la volonté de
faire jouer à l'école en priorité d'autres rôles que l'instruction et la
transmission du savoir, la croyance imposée à des théories pédagogiques
délirantes, le mépris des choses simples, le mépris des apprentissages
fondamentaux, le refus des enseignements construits, explicites et progressifs,
le mépris des connaissances de base couplé à l'apprentissage imposé de contenus
fumeux et démesurément ambitieux, la doctrine de l'élève "au centre du
système" et qui doit "construire lui-même ses savoirs". Cette
idéologie s'est emparée également des instances dirigeantes des syndicats
majoritaires, au premier rang desquels le SGEN.
Tous ces gens n'ont aujourd'hui
qu'un but: dégager leur responsabilité et donc masquer par tous les
moyens la réalité du désastre.
J'avoue ne pas savoir s'ils étaient
de bonne foi ou bien s'ils ont délibérément organisé la destruction de l'Ecole.
Je ne sais pas non plus lesquels
parmi eux – une minorité de toute façon – n'ont pas participé à la folie
collective ni lesquels y ont participé mais se rendent compte aujourd'hui des
conséquences dramatiques des erreurs accumulées depuis des décennies et
seraient prêts à repartir dans une meilleure direction. A priori, j'ai la plus
extrême défiance envers tous les membres de la Nomenklatura de l'Education
Nationale.
Pour se rendre compte de la réalité
de la situation où nous sommes, je conseille très vivement à tous les membres
du HCE de lire les ouvrages suivants qui sont des témoignages d'instituteurs et
de professeurs (je les ai tous lus intégralement ainsi que d'autres):
Marc Le Bris:
"Et vos enfants ne sauront pas
lire...ni compter" (Stock, 2004) (témoignage d'un instituteur de campagne
tranquille sur sa pratique confrontée à toutes les absurdités que l'institution
impose par tous les moyens depuis des années)
Un livre de pur bon sens de la
première à la dernière ligne.
Je pense que Marc Le Bris devrait
figurer au premier rang parmi les experts que nous pourrions choisir.
Rachel Boutonnet:
"Journal d'une institutrice
clandestine" (Ramsay, 2003) (journal tenu chaque jour par une stagiaire
d'IUFM sur la façon dont on prétendait la former, puis première expérience d'institutrice)
Dans ce livre, j'ai constaté avec
intérêt que parmi toutes les formations d'IUFM que cette stagiaire a subies, la
seule où on lui ait parlé du contenu de la discipline est en mathématiques.
C'est une consolation, mais assez maigre.
Fanny Capel:
"Qui a eu cette idée folle un
jour de casser l'école?"(Ramsay, 2004)
(témoignage
d'une jeune agrégée de lettres modernes, fille d'ouvriers, enseignant en lycée
et collège "bien famés" de quartiers favorisés)
Où l'on apprend que même dans les
lycées "bien classés" dans tous les palmarés des journaux une grande
proportion des élèves ignore par exemple en quel siècle a vécu Victor Hugo...
Elisabeth Altschull:
"L'école des ego: contre les
gourous du pédagogiquement correct" (Albin Michel, 2002)
(témoignage
d'une "réfugiée scolaire": alors que ses parents étaient américains,
sa mère avait choisi de l'amener en France quand elle était enfant - il y a une
quarantaine d'années - pour qu'elle y trouve un enseignement de qualité. Elle
se désespère de voir l'Éducation Nationale française s'engager depuis des
décennies dans le chemin de médiocrité de la majorité des écoles américaines.)
Evelyne Tschirhart:
"L'école à la dérive: ce qui se
passe vraiment au collège" (Editions de Paris, 2004)
(témoignage
d'une enseignante d'arts plastiques en collège de quartier défavorisé)
Agnès Joste:
"Contre-expertise d'une
trahison: la réforme du français au lycée" (Edition des Mille et une
nuits, 2002)
(lecture
minutieuse par un professeur de lettres des textes du ministère de l'éducation)
Collectif "Sauver les lettres":
"Des professeurs
accusent" (Textuel, 2001)
(un
manifeste humaniste contre les "ultraréformistes et
ultrapédagogistes" qui ont pris le pouvoir à l'éducation nationale et
organisent la destruction de l'instruction publique)
Guy Morel et Daniel Tual-Loizeau:
"L'horreur pédagogique: paroles
de profs et vérité des copies"
(Ramsay, 1999, épuisé mais qui doit
pouvoir se trouver)
Jean-Paul Brighelli:
"La fabrique du crétin: La mort
programmée de l'école" (Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2005)
C'est le dernier en date des livres
de témoignage de professeurs, paru il y a deux mois.
C'est un professeur de lettres
(manifestement d'extrême gauche: il interprète la destruction de l'école comme
l'effet d'un complot délibéré des classes dominantes
"ultra-libérales". Cette interprétation est discutable, mais quand il
dresse un constat de l'état de l'Ecole il sait de quoi il parle et c'est ça qui
est intéressant).
Je recommande aussi très
chaleureusement les livres de Liliane Lurçat, une personne absolument
extraordinaire et impressionnante (que j'ai eu l'occasion de rencontrer
dernièrement après avoir lu ses livres et correspondu avec elle) qui a consacré
toute sa vie à étudier les processus d'apprentissage des enfants dans les
écoles primaires. Je recommande en particulier:
"La destruction de
l'enseignement élémentaire et ses penseurs:
la première cause de l'échec à l'école"
(François-Xavier de Guibert, 2e
édition, 2004)
"Vers une école totalitaire?
L'enfance massifiée à l'école et dans la société"
(François-Xavier de Guibert, 2e
édition, 2001)
"Des enfances volées par la
télévision: le temps prisonnier"
(François-Xavier de Guibert, 3e
édition 2004)
Mon avis personnel est d'ailleurs
que, avec l'instituteur Marc Le Bris, Mme Lurçat est une personne que le HCE
devrait faire figurer en priorité parmi les experts sur l'école primaire (bien
qu'elle ait 77 ans et que j'ignore si elle accepterait). Je pense que personne
en France n'a simultanément une telle connaissance concrète de l'école primaire
et une telle qualité et profondeur de réflexion sur le sujet.
D'autre part, Mme Lurçat a grandi
dans les années 30 dans un quartier pauvre peuplé très majoritairement
d'immigrés de toutes origines. Elle peut rappeler ce qu'était à l'époque une
école républicaine fréquentée principalement par des enfants d'immigrés et qui
les intégrait, connaissance qui semble perdue aujourd'hui où pourtant elle
serait bien nécessaire...
Je vous envoie également en fichier
attaché un rapport (hallucinant) rendu public il y a quelques jours par
l'Association des Professeurs de Lettres (et disponible sur leur site).
J'ai écrit à l'un des auteurs pour
lui demander quelle proportion des élèves était touchée par les phénomènes que
décrivait ce rapport. Je vous mets ci-dessous sa réponse:
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Monsieur,
Ces carences (lexique étique,
syntaxe rudimentaire ou inexistante, ignorance de la grammaire de phrase) se
sont généralisées ces dernières années et s'observent désormais chez la très
grande majorité des élèves, vraisemblablement plus de 80% d'entre eux, et ce
quels que soient leur milieu social et leur attitude en classe ; bien sûr, la
situation, mauvaise en général, l'est à des degrés divers selon le niveau
linguistique et culturel de la famille, mais c'est à l'oral plus qu'à l'écrit
qu'appert cette différence. Le collège ne remédie nullement à ces déficiences,
qui perdurent et parfois s'aggravent : on les retrouve au lycée et même dans
les classes préparatoires (un collègue, qui enseigne le latin à des
hypokhâgneux grands débutants, m'a récemment expliqué que ses élèves ne
parviennent pas à analyser une proposition relative). En effet, à l'école
primaire comme au lycée, les programmes assignent à la grammaire de phrase une
place pour ainsi dire subsidiaire et la "doctrine" en vigueur
(j'entends par là, au-delà des programmes, leurs documents d'accompagnement,
les manuels qui s'en inspirent, les recommandations des inspecteurs et des
formateurs d'IUFM) proscrit la pratique de l'analyse logique et de l'analyse
grammaticale et fait la part belle à la "littérature pour la
jeunesse", les classiques étant bannis des lectures que l'élève fait chez
lui.
Je suis bien sûr à votre disposition
pour toute précision qui vous
semblerait utile.
Bien cordialement,
....................
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Ce rapport permet à lui seul de
réaliser que les experts ou prétendus tels à qui a été confiée la rédaction des
programmes de français sont tout simplement des cinglés (je pèse mes mots).
Il est impossible pour moi de
comprendre comment ils ont pu chasser la grammaire de phrases (sujet, verbe,
complément, etc.) et l'analyse logique pour les remplacer par des élucubrations
du genre suivant (extraites du document d'accompagnement des professeurs en
classe de troisième):
"L’étude des actes de parole
est donc essentielle. Elle peut se décomposer en trois approches
complémentaires : la dimension locutoire, c’est-à-dire le fait de produire des
énoncés structurés, organisés et ayant un sens ; la dimension illocutoire,
c’est-à-dire le fait de chercher à exercer une action sur autrui en lui parlant
(l’interroger, lui donner un ordre, lui interdire de faire quelque chose, le
convaincre ou le persuader…) ; la dimension perlocutoire, c’est-à-dire l’effet
sur l’interlocuteur, qui répondra ou non à la question, qui exécutera ou non
l’ordre…(…) Il est très important d’amener l’élève à prendre conscience de
cette triple dimension des actes de parole, en particulier dans une optique de
formation du citoyen."
Si les instances dirigeantes de
l'Éducation Nationale dans leur ensemble ont pu confier la rédaction des
programmes à de tels cinglés, ne pas s'apercevoir du caractère délirant de
leurs préconisations et ne pas s'émouvoir des réactions de professeurs qui leur
parvenaient, je ne vois qu'une seule explication possible: les instances
dirigeantes de l'Éducation Nationale sont intégralement peuplées de fous
irresponsables (ou criminels pour ceux, s'il en existe, qui auraient organisé
la destruction de l'Ecole en toute connaissance de cause).
Ceci concerne le français, mais nous
pouvons aussi parler des mathématiques.
Les concernant, je vous mets en
fichier attaché la copie d'un message qui m'a été envoyé la semaine dernière
par un enseignant (maître de conférence et remarquable chercheur) de l'une des
"meilleures universités" de France. [Je ne peux reproduire ce message
car il était confidentiel].
S'il vous reste la moindre notion de
mathématiques, vous pouvez comprendre que ces étudiants de 2e année de DEUG de
science dont la plupart vont "réussir" à leurs examens, donc vont
passer en licence (et deviendront peut-être instituteurs ou professeurs), ont
un niveau inférieur à celui qui, encore à mon époque (il y a vingt-cinq ans:
une époque déjà dégradée par rapport à celle de mes parents), était celui du
collège, et il apparaît qu'ils ne maîtrisent même pas ce qui normalement serait
du ressort de l'école primaire. Or tous ces étudiants ont le bac (sinon ils ne
seraient pas à l'université) et pour presque tous le "bac S" (le bac
"d'élite" ou "sélectif" comme on dit dans les médias)...
Je vous mets enfin en copie un
message que j'ai reçu hier matin d'un professeur de mathématiques de collège.
[Ici encore, je ne peux reproduire le témoignage que ce professeur de collège
m'avait fait parvenir à titre confidentiel.] Ce qu'il dit témoigne de la perte
du sens d'un enseignement sérieux qui affecte aujourd'hui l'ensemble de notre système
éducatif après avoir été provoquée depuis si longtemps par ses instances
dirigeantes.
Si vous voulez encore d'autres
témoignages, je peux vous en fournir à foison.
Pour ce qui me concerne, je suis
donc totalement opposé à ce que nous nous en remettions aussi peu que ce soit
aux experts de l'Education Nationale.
Je suis également très sceptique en
ce qui concerne les experts étrangers (à l'exception peut-être de quelques pays
asiatiques comme Singapour), car dans tout le monde occidental la dégradation
de l'instruction est générale. La seule différence est qu'en France elle a été
encore plus grande car nous sommes tombés de plus haut et car elle touche la
totalité du système éducatif (du fait de la centralisation à la française qui
impose partout les mêmes méthodes et les mêmes programmes délirants),
contrairement aux Etats-Unis par exemple où, même si la moyenne est
épouvantable, il existe de très bonnes écoles, principalement privées.
Jusqu'au milieu des années 60, je
pense que les meilleurs systèmes éducatifs primaires et secondaires du monde
étaient ceux de France, de Russie et d'Israël. En France, il n'a cessé de se
dégrader depuis cette époque, à une vitesse de plus en plus grande. En Israël,
d'après ce que je crois savoir, il y a eu une semblable dégradation mais une
réaction énergique a commencé depuis quelques années: par exemple, des
israëliens ont cherché les meilleurs manuels mathématiques existant dans le
monde aujourd'hui, ils ont conclu que c'était ceux de Singapour et ils les ont
traduits pour les rendre disponibles dans toutes les écoles israëliennes. (On
pourrait donc éventuellement faire appel à des acteurs de ce redressement
israëlien, par exemple Ron Aharoni.) Enfin, le système russe est resté très bon
jusqu'à l'effondrement de l'Union Soviétique et depuis il se dégrade lentement
(cette dégradation se faisant comme partout au nom du "progrès" ou de
la "modernisation"). Néanmoins, le système russe encore aujourd'hui
reste bien meilleur que celui de tous les pays occidentaux: je peux en
témoigner en toute connaissance de cause en mathématiques et physique. C'est
pourquoi j'ai passé hier après-midi plusieurs heures à me faire expliquer par
une dame russe professeur de français le fonctionnement détaillé du système
d'éducation soviétique; j'ai pris beaucoup de notes et quand je les aurai
tapées je vous les enverrai.
Voilà pour ce que je pense de
l'étranger.
En ce qui concerne les syndicats
majoritaires parmi les enseignants ou les parents d'élèves, tous (animés des
plus louables intentions comme on peut imaginer) ont poussé à la roue dans la
destruction de l'école et je pense qu'on ne peut pas plus leur faire confiance
qu'aux experts de l'EN. Le seul syndicat d'enseignants que je connaisse et qui
me semble accorder une valeur prioritaire à l'étude, à la connaissance et au
savoir est le SNALC. [Plus sans doute d'autres que je ne connais pas comme, me
dit-on, le SAGES.]
Parmi les associations, je ne fais
confiance qu'à celles qui ont vu le jour depuis un certain nombre d'années dans
le but explicite de dénoncer la destruction de l'enseignement et de réfléchir
aux moyens de le redresser. Ce sont en particulier
le GRIP (Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes)
http://grip.ujf-grenoble.fr/
Sauver Les Lettres (SLL)
http://www.sauv.net/
l'Association des Professeurs de Lettres (APL)
http://www.aplettres.org/
A mon avis, c'est parmi les membres
les plus actifs de ces associations (dont maintenant je connais bien un certain
nombre) qu'il faudrait recruter des experts.
Je serais en mesure de proposer au
HCE une liste d'experts dans toutes les disciplines en qui j'ai une grande
confiance parce que tous sont des professeurs qui depuis des années se sont
engagés pour le sauvetage de l'École et son redressement et ont réfléchi en profondeur
aux problèmes posés.
Pour moi, la question de départ qui
est posée au HCE est la suivante:
Voulons-nous nous voiler les yeux,
ne pas voir l'état dans lequel se trouve l'Éducation Nationale et confier
l'élaboration des avis qui nous sont demandés aux mêmes experts et responsables
dont les politiques ont conduit au désastre actuel?
Dans ce cas, autant vaudrait ne pas
avoir créé le HCE.
Ou bien, voulons-nous prendre la
mesure de la situation, agir pour tenter un redressement et, pour cela, rompre
radicalement avec tous les hiérarques de l'Éducation Nationale, entendre les
personnes indépendantes qui depuis des années tirent la sonnette d'alarme et
réfléchissent aux moyens d'un tel redressement, et travailler nous-mêmes avec
l'aide de ces personnes à rédiger des avis sur lesquels les responsables
politiques pourraient s'appuyer pour sauver notre système éducatif de la
destruction complète et définitive?
Avec mes meilleurs sentiments,
Laurent Lafforgue.
PS: Pour se renseigner sur l'état
réel de notre système éducatif et trouver tous les renseignements possibles et
imaginables sur les programmes actuels (et leurs dérives incroyables) comparés
à ceux de toutes les époques depuis Jules Ferry, je recommande le site internet
de Michel Delord (un simple professeur de mathématiques du secondaire mais qui
a une connaissance impressionnante de l'histoire de notre système éducatif).
L'adresse est:http://michel.delord.free.fr/
Ce site porte comme dédicace:
"Page dédiée aux parents qui
s'inquiètent que leurs enfants ne sachent toujours pas faire une division en
Cours Moyen et à qui on a répondu : "Vous êtes des rétrogrades".
Il faut passer du temps à le
visiter.
On y trouve par exemple tous les
programmes du primaire depuis 1880 et on peut faire la comparaison avec ceux
d'aujourd'hui.
C'est vraiment passionnant.
Indication: les meilleurs programmes
sont ceux de 1923 (et, soit dit entre parenthèses, ils tiennent en cinq pages,
toutes matières et niveaux confondus). D'ailleurs, ce sont à ma connaissance
ceux qui sont toujours en vigueur (moyennant une mise à jour dans certaines
matières) au cours Hattemer à Paris: un cours privé "hors contrat",
donc sans la moindre subvention de l'état, à qui nombre de familles très aisées
(et paraît-il certains de nos ministres présents ou passés) confient leurs
enfants en payant le prix fort.
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> Mesdames et Messieurs les
Conseillers,
>
> Nous sommes convenus de nous
réunir le 17 novembre prochain à 11 h.. Nous nous
retrouverons au 101 rue de Grenelle (Rez-de-chaussée - salle 020). Un déjeuner,
à 13 h, suivra notre réunion.
>
> Je vous propose d'aborder au
cours de cette première séance de travail les points suivants :
> 1) fixation du rythme et des
dates de nos réunions (pour l'instant, en tentant de tenir compte des
contraintes de chacun, les mercredis après-midi paraîtraient pouvoir être
retenus)
> 2) échanges sur les
échéances du Haut Conseil dont la première saisine par le Ministre, dans les
jours prochains, devrait porter sur le socle commun des connaissances et des
compétences, avec un avis à rendre en février 2006
> 3) échanges sur nos méthodes de
travail :
> - constitution d'un vivier
d'experts français et étrangers auxquels le Haut Conseil pourrait confier des
études (socle commun ; formation des maîtres ; éducation civique)
> - appel aux experts
de l'Education nationale : Inspections générales et directions de
l'administration centrale, en particulier direction de l'évaluation et de la
prospective et direction de l'enseignement scolaire
> - réception des
organisations syndicales et des associations représentées au Conseil supérieur
de l'Education
> 4) fixation de
l'ordre du jour de la prochaine réunion.
Je vous prie de croire, Mesdames et Messieurs
les Conseillers, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
>
> Bruno RACINE
> Président du Haut Conseil de l'Education