L'album de mars 2010 (fin)
ou : quoiqu'il arrive, il faut rester debout.

19 mars 2010, Montmirail, 12h37.
Découverte de ce village enroulé au pied du château construit sur une colline qui culmine à 248 mètres d'altitude, position privilégiée dans cette région aux confins du Maine, de l'Orléanais et du Perche (Montmirail est la capitale du Perche Gouêt, du nom de la famille dominante du XIè au XVIè siècles).

Ce château fut assiégé par Richard Coeur de lion, et très convoité par les Anglais lors de la guerre de Cent ans. Cela me suffit amplement pour démarrer dans la tête une super production américaine...

Après avoir déjeuné dans une auberge très sympathique (feu de bois, et tout et tout....), balade dans la vieille ville, et photos essentiellement de vieux ateliers fermés comme j'aime. Même si de tout temps j'ai aimé photographier les vieilles choses, je remarque qu'avec l'âge je suis de plus en plus touché par les traces du passé. Bizarre non ?

19 mars 2010, Villevillon, 15h38.
En rentrant de Montmirail, découverte d'un des plus beaux silos rencontrés en Eure et Loir, ce qui me fait penser que je n'ai jamais complété ni terminé ma page sur les silos du canton et qui mériteraient pourtant une belle étude !

20 mars 2010, galerie Artémise, Rémalard, 19h10.
Artiste exposé qui n'est pas dans mes goûts, mais plaisir de retrouver mes amis Alain et Nadine qui ont le courage, années après années, de tenir et animer cette galerie.
Quelques livres d'artistes néanmoins attirent mon regard (Christian Prigent, Michel Butor...) comme excitent mes papilles des toasts au concombre, d'une fraîcheur et d'une légèreté exquises !

21 mars 2010, Thiron-Gardais, mairie, 12h35.
Deuxième tour des élections. Il me semble qu'il y a plus de monde que dimanche dernier.
Déception le soir : le village votera, contrairement au département, à droite, et le score du front National sera aussi plus fort que celui du département !
Pas de quoi être fier donc, mais au moins je sais où j'habite !

21 mars 2010, étang de Ste Anne, Thiron-Gardais, 17h53.
Toujours le même plaisir en rentrant chez moi de voir des cormorans sur "mon" étang.
Mais je n'ai jamais réussi à comprendre d'où ils viennent et où ils vont ensuite.
Et bien sûr, n'ai jamais réussi à les photographier les ailes grandes ouvertes au vent !
J'en profite pour tordre le cou à une croyance courante : il ne déplie pas ses ailes pour sécher ses plumes mais pour favoriser sa digestion et à la rigueur se reposer de l'effort demandé par son dernier plongeon !

27 mars 2010, église de Réveillon, 22h28.
Concert de Rhoda Scott, célèbre pour son orgue Hammond, comme étant "la chanteuse au pieds nus".
Habitant le Perche depuis longtemps, elle est ici très aimée et appréciée.
A 72 ans, elle a une énergie, un plaisir à jouer et un humour dont beaucoup pourraient prendre leçon !
Ouverte du jazz au classique, du gospel au blues, ayant joué avec les plus grands (Ray Charles, George Benson, Count Basie, Ella Fitzgerald...), c'est une grande tout simplement !

29 mars 2010, Ouistreham, 19h10.
Dernière balade en solitaire.
J'entends chanter : "Ouistreham, c'est fini, et dire que c'était la ville...de mon dernier amour..."
le vieux Léo me vient en aide : "Quand c'est fini, n i i ni, ça recommence ..."
Rien à penser,
juste faire encore une fois des dizaines de photos,
futurs odradek dirait Christian,
et marcher.

Il chante aussi : "Est-ce ainsi que les hommes vivent ? "
Oui, et c'est une chance déjà de se séparer "d'accord" et en "bons termes".

On verra la suite,
trois petits points de suspension.

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée " chante Prévert... .

30 mars 2010, Paris, Porte de Versailles, 19h35.
Après la visite de ma mère à Verneuil, je file vers Paris au Salon du livre. Je sais qu'il a ce soir nocturne et que j'ai le temps, avant tout de donner à Cathie M., ma diffuseuse en Calédonie, venue spécialement au Salon, quelques livres en dépôt.
Bazar habituel, bonne occasion d'être dégoûté des livres, et surtout des vieilles stars qui sont là ce soir, fatiguées de la journée, une bonne crampe au poignet.
Et la littérature là-dedans ? Pas entendu parler, sauf peut-être lors de certains "débats publics" mais avec dédicaces aussitôt après (on est prié d'avoir acheté le livre avant).

... ... ...

Cocasse. Paul Auster si crevé qu'il ne regardait même plus la personne qui lui tendait le livre et ne pouvait que faire machinalement un truc où on pouvait à peine distinguer un P d'un A ! Plus question d'une dédicace, ni même d'une signature ! Juste un gribouillis qu'il faisait même en marchant dans les allées !
Et toute la soirée, n'ai vu qu'un type sympa qui discutait avec ses lecteurs : Martin Winckler.
Ne parlons pas de Pierre Michon, un des invités d'honneur du salon, qui après être venu, fait "une longue séance de dédicaces" avec ses "fervents lecteurs", fit un clip vidéo (Daily motion ou site de l'Express) pour dire "J'ai horreur du salon du livre !..."

31 mars 2010, Journal local, 10h15.
On en voit des images presque chaque jour et on n'y fait presque plus attention. Mais quand on connaît la victime, ici en l'occurrence la belle-sœur d'un ami, cela vous frappe en plein visage et vous ramène à l'essentiel. Je suis triste et imagine la peine de M. et E.