|
page précédente (de retour de Ouessant) | mardi 17 septembre 2013 | page suivante | retour au menu |
Vous avez dit patrimoine ? (pour François Kinder qui n'était pas là ). (version corrigée) Les journées du patrimoine, dont l'intitulé exact est " Journées européennes du patrimoine " fêtaient ce week-end leur trentième anniversaire.
À leur création par Jack Lang, alors qu'il était jeune
ministre de la culture, en 1984,
cela s'appelait " Journée Portes ouvertes dans les Monuments historiques ". C'est à Grenade en Espagne le 3 octobre 1985,
lors de la 2e Conférence du Conseil de l’Europe des ministres
responsables du patrimoine architectural, qu'il proposa d'étendre l'initiative française à d'autres pays européens.
Cette année c'était le 14 et 15 septembre 2013. Je n'en reviens pas : cela me semble déjà il y a longtemps. Il faut dire que les journées du patrimoine, depuis le début je n'en n'ai pas grand chose à faire et n'ai la plupart du temps rien fait de mémorable ou de spécial ces jours-là . 1- D'abord ce sont des dimanches, jours que je déteste depuis toujours et pendant lesquels je passe le temps à me demander ce que font les gens après être sortis de la messe et être passés à la patisserie Smoll, celle où il y a la queue le dimanche matin, et après avoir à la rigueur lavé leur voiture. Je sais de quoi je parle : tous les dimanches matin je vais acheter une religieuse ou un pet-de-nonne pour l'offrir à ma vieille voisine Micheline que j'adore. 2- Je n'aime pas les foules privées de leur travail (ou aujourd'hui de leur chômage) et qui viennent s'extasier en visitant les maisons des riches, en trouvant tout et tout le temps très beau ! Ça fait un peu triste : la semaine je bosse et je joue au loto, le dimanche je vais visiter des demeures comme je n'en aurai jamais, des comme Stéphane Bern nous montre à la télé. 3- Rassurez-vous. Je joue au loto et je vais visiter aussi les belles demeures (et historiques si possible, ça fait plus sérieux) mais pas seulement et spécialement les journées du patrimoine, c'est une petite différence. Le patrimoine ! En voilà un grand et beau mot, qui emplit bien la bouche, donne bonne conscience et rassure : Ouah que notre monde est joli, ah l'histoire avec un grand H ! Ah si on pouvait rencontrer Stephane Bern pour avoir un autographe ! Bla bla bla... Le patrimoine, moi je l'honore tous les jours. Mon patrimoine c'est les chemins et la campagne boueuse que j'emprunte, c'est la ferme abandonnée ou mal entretenue, c'est l'usine désaffectée... et tout ce que j'ai dans la tête. Qui décide ce qu'est le patrimoine ? Que faut-il pour que " quelque chose " fasse partie du patrimoine ? Mais je plaisante, j'adoôore aussi les ruines, les choses " du temps passé ", j'adore l'Histoire (et plus, les histoires), c'est mon côté romantique et à chaque fois dans ces décors j'imagine le film que je pourrais y tourner, les musiques que je mettrais sur les images, les dialogues tristes que j'écrirais pour faire des scènes d'anthologie et qui feraient pleurer les téléspectateurs. Bon j'arrête, les gens vont me croire. - Tu te rends compte mon chéri, que c'est dans ce souterrain du XIIIè, que la duchesse de Matuvu, la fille du comte de trucmuche, amant de Lady Legroutrou, cacha ses bijoux hérités de son duché de Cornouaille, pour éviter que son fils Richard, jeune dépravé du canton de Trifouillis ne les lui vole pour payer les orgies qu'il faisait chez les moines de Tiron ? - Ouais... Ben dis-donc ! Du temps passe. Plus tard : - Chéri y'a quoi à la télé ce soir ? Silence, le mari imagine les orgies chez les moines de Tiron, à l'époque où ayant oublié la règle de saint Benoît ils écrivaient de fausses chartes pour augmenter leurs revenus... Rideau. Mais cette année, les journées européennes du patrimoine, furent pour moi à marquer d'une pierre blanche pour plusieurs raisons. 1- Elles ont commencé une semaine plus tôt, quand j'ai décidé de participer à un hommage à Claude Prévost, homme et personnage disparu il n'y a pas longtemps, que je connaissais (assez bien) et qui a passé la deuxième partie de sa vie à organiser des expositions dans tous les villages du coin. Ce qu'il appelait " mailler le territoire ". Quand je lui avais demandé quel adjectif le caractérisait il m'avait répondu : " pugnace", et quelle phrase le résumait, il m'avait répondu : " Touche-à -tout et bon à rien". Un tel homme, aimant comme moi la peinture et le vin rouge, méritait bien un hommage. J'ai donc passé quelques jours et nuits à faire un tableau spécialement pour cette exposition/hommage, organisée dans l'abside Saint-denis à Nogent le Rotrou (par la municipalité de Nogent-le-Rotrou, sous couvert de l'adjointe à la culture Catherine Catesson, et le collectif Courant d'art fondé et présidé par Claude Prévost) et qui ne durait que samedi et dimanche. Je suis allé déposer mon tableau à l'abside le vendredi après-midi et j'ai aidé tant bien que mal à installer (avec Mélanie, Philippe, Françoise, Didier...) dans la limite de mes moyens physiques. Cette exposition aura eu au moins le mérite de montrer 7 ou 8 toiles de Claude Prévost, qui peignait lui-même sans trop en parler ni se mettre en avant.
3- Cela m'a ravivé l'idée et l'intention, puisque nous avons eu pendant un certain temps le projet commun qui nous a valu de nombreuses conversations, le plus souvent le matin et en fin d'après-midi sur la terrasse ou à l'intérieur du café Saint-Pol (j'habitais à cette époque dans un coin de cette place), d'écrire un texte ou une nouvelle/portrait sur son histoire. Fait rare, je n'ai jamais réussi à me fâcher avec Claude Prévost malgré nos divergences profondes (notamment sur l'artisanat qu'il ne voulait pas distinguer de l'art, et sur son entêtement à appeler art contemporain tout ce que faisaient les artistes encore en vie aujourd'hui). Pugnace, oui, il l'était ! Mais je sais aujourd'hui qu'il ne suffit pas d'avoir envie de faire quelque chose, pour que la chose soit faite un jour. C'est toute la différence entre le dire et le faire. (En général, le dire est souvent une tendance de la vieillesse, le faire une de la jeunesse, de même qu'il faut un certain âge pour être sensible à la sauvegarde du patrimoine, et cela se comprend !) |
" Un sorriso nelle tue labbra di donna " Elisa Fiasca ...................Peinture " ...................François Kinder |