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Chaque année je me dis que je n'y retournerai pas où : je préfère l'art brut. Jeudi 19 mars 2015, 17 h, Paris. Porte de Versailles, c'est bien indiqué : Mon problème, c'est que je ne sais à quelle porte me présenter puisque simple lecteur je ne vois pas une
catégorie qui m'aille.
Étant mains nues et sans sac à dos j'arrive à échapper à la fouille antiterroriste. C'est déjà ça de gagné !Ce n'est peut-être pas là un endroit pour les lecteurs ou les amateurs de littérature. Branle-bas de combat, la ministre de la culture est là, dégagez le terrain... Mais le service d'ordre est inquiet : il se passe quelque part sur la droite une agitation pas normale et qui déclanche un mouvement de foule. Ce ne sont que deux people qui s'arrêtent et font des selfies avec les fans. - Qui c'est... qui c'est ? - Comment, tu ne les reconnais pas ? - Mais non je t'assure ... - c'est vrai que non maquillés, décoiffés et en jeans cradingues, ils sont encore pire qu'à la télé ! Mais ce sont les frères Bodganov bien sûr ! Bon, je file vers le stand de l'Océanie où je dois retrouver mes amis " de là-bas " et ce sera bon pour moi, je crois. Paul Wamo, Anne Bihan, Chantal Spitz, Nicolas Kurtovitch et Denis Pourawa, en forme même si certains sont un peu déphasés par le décalage horaire... Après avoir diné ensemble dans la pizzaria d'en face, je retrouve mes habituelles routes de nuit, avec Philip Glass dans la lumières des phares. Chaque année je me dis que je ne retournerai plus au salon du livre ! Samedi 21 mars, 16 h 30, Villeneuve d'Ascq. Le Lam (musée d'art moderne d'art contemporain et d'art brut de Lille métropole) fait une grande exposition sur Aloïse Corbaz, internée de 1918
jusqu'à sa mort en avril 1964. Dessinant tous les jours sans relâche, sur des supports variés qu'il lui arrive de coudre ou de repriser, son oeuvre attirera dès les années 20 les psychiatres ou autres médecins, comme Jacqueline Porret-Forel qui fera découvrir le travail d'Aloïse à Jean Dubuffet en 1946 et qui lui prendra quelques dessins pour sa collection d'art brut. André Breton en acquiert aussi dès 1948 et les incluera dans EROS (Exposition inteRnatiOnale du Suréalisme) à la galerie Cordier à Paris en 1959. Dans cette exposition, certains autres oeuvres d'autres peintres sont exposées " en relation " avec le travail d'Aloïse. C'est l'occasion pour B. et moi de découvrir deux oeuvres absolument formidables, un dessous d'affiches lacérées de François Dufrêne intitulé : D'un moulin de la galette d'une fête des Rois à la crêpe d'un mardi-gras de Mathieu en Charlemagne au Théâtre de France et une toile de Picasso de la fin de sa vie (1970, 3 ans avant sa mort) qui s'appelle tout simplement L'étreinte
Dans la collection permanente d'art brut du Lam, je retrouve toujours avec autant de plaisir :
les fusils pour faire la guerre à la misère d'André Robillard, et son spoutnik russe, .... Les poupées de voyage de Michel Nedjar, Les architectures achevées d'A.C.M. (couple formé d'Alfred et Corinne Marie), les bois (barrière et totems) de Theo Wiesen, les peintures géantes d'Augustin Lesage, peintures qu'il facturait au prix des fournitures et du salaire horaire de mineur de fond qu'il avait été jusqu'à l'âge de 35 ans jusqu'au jour où il entendit une voix lui dire : " N'aie crainte, nous sommes près de toi, un jour tu seras peintre." Dans la collection permanente du musée grand frisson devant les toiles d'Eugène Leroy dont ce Paysage de 1966. Peinture et peintre sur lesquels je reviendrai dans une future page, tellement je trouve que ce peintre n'est pas assez connu auprès du grand public et qu'il n'a pas encore la place qu'il mérite auprès des autres. Dimanche 23 mars 2015, Lezennes (banlieue de Lille), 2 h 14. La fête bat son plein. |