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Il y a encore des types qui me sidèrent ou : sidérez-moi... Cela se passe à La John Rylands Library fondée par Mme Enriqueta Augustina Rylands, d'origine cubaine, veuve de John Rylands
qui fut un magnat du textile (et premier multi-millionnaire de Manchester). Cette Bibliothèque fut ouverte au public en janvier 1900. Les amateurs de rock connaissent mieux Manchester pour La Manchester Evening News Arena qui constitue avec ses 21 000 places la plus grande salle de concert en Europe une des plus populaires au monde avec Madison Square Garden à New York et The O2 Arena de Londres. Mais peu importe. Belle époque où les riches avant de mourir utilisaient leur fortune à quelque chose pour le public, une manière de se faire pardonner l'argent gagné sur son dos... (C'est mon côté balzacien : "Derrière chaque grande fortune se cache un crime" (la citation exacte se trouve dans Le Père Goriot : "Le secret des grandes fortunes sans cause apparente est un crime oublié, parce qu'il a été proprement fait." (C'est encore la même chose aujourd'hui, sauf qu'aujourd'hui il n'y a plus besoin de se cacher et que c'est salement fait) Bref, en 1934, cette bibliothèque demande à un universitaire d'Oxford de venir trier de vieux papyrus grecs qui trainent sans doute dans des vieilles boites. Rien d'étonnant à cela, la riche veuve et ses successeurs avaient entre autres, acheté un nombre incroyables de documents, manuscrits, imprimés ou manucrits chinois, papyri egyptiens (Le pluriel papyri est un pluriel rare et savant, uniquement utilisé pour les manuscrits anciens), sans parler des tablettes d'argiles de Mésopotamie, j'en passe et des meilleur(e)s... Fusionnée depuis 1972 avec la bibliothèque de l'Université de Manchester, elle forme la John Rylands University Library of Manchester. Edifice incroyable qui semble tiré de Harry Potter, sachez que juste ses "collections spéciales" représentent 22 kilomètres de rayonnages et d'étagères ! Ainsi débarque le professeur Colin H. Roberts. Dans les boites il trouve parmi des centaines de fragments en vrac
un petit morceau de payrus de 9 x 6 cm écrit recto
verso : recto...................
verso.... Et c'est là que je suis sidéré : ce type se dit, comme si c'était évident, car en plus c'était en grec ancien bien sûr, pas de problème
je sais ce que
c'est : un morceau du nouveau testament, et en plus de ça il ajoute : c'est tiré de l'évangile de Jean ( 18, 31-33 et 18, 37-38 !) Imaginez : vous trouvez dans votre grenier des petits fragments de livres de vos grands-parents (je ne dis pas de 18 siècles !) bouffés par les souris et aussitôt vous
reconnaissez de quel livre il s'agit ! (sans imaginer que c'est un livre en langue étrangère, et laquelle !). Voilà les fragments remis dans leur contexte (montage fait maison):
.......
recto....................................verso C'est ce fragment qui est connu aujourd'hui sous le nom de Papyrus P52 (ou P. Rylands GK. 457) et daté du IIè siècle
après Jésus-Christ. Bien sûr depuis les experts se battent pour savoir si c'est de 150 ou de 180 etc.
Mais sans dire de bêtises, la datation dans la première moitié du IIe siècle
reste celle généralement acceptée. Le P52 est donc considéré comme le plus ancien extrait du Nouveau Testament en notre possession : il prouverait l’existence et la diffusion de l’Évangile selon Jean (dont la composition est généralement datée d'environ 95) dès la première moitié du IIe siècle. Précisons enfin qu'il s'agit d'un extrait de codex et non de rouleau de papyrus, le codex étant devenu le medium normal des textes chrétiens dès le IIe siècle. Pour les chichiteux, sachez aussi que ce bout de papyrus avait été découvert au XXè siècle dans les fouilles d'Oxyrhynque, sur la rive ouest du Nil, à environ cent soixante kilomètres au sud du Caire. Alors imaginons : vous trouvez un vieux bout de papier recto verso, de même dimension et de même forme (maquette à l'identique faite
maison ), et pour vous aider (quand même) et rester
dans l'esprit,
tiré d'un classique connu du monde entier (auteur français et oeuvre parmi les plus connus au monde): recto.....
.............
....verso Et aussitôt bien sûr, vous vous exclamez : pas de problème, je reconnais bien le texte, c'est...
De grâce, sidérez-moi ! Allez, celui qui me dit d'où ça vient, pour le remercier de me sidérer, je lui enverrai un CD à l'adresse qu'il m'indiquera. Bon, je retourne à mes papyrus... |