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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Samedi 28 avril 2007 jour précédent retour au menu
Emma Bovary une dernière fois (no3)
puisqu'on ne peut en finir avec Emma Bovary.
ou : la cassure de Madame Bovary en littérature
ou bergounienne no

Flaubert avait dit que Madame Bovary c'était lui.
Après lui tout le monde a donné son avis. Un des plus étonnants est sans doute Pierre Michon qui va jusqu'à écrire dans Corps de Bois (inclus dans Corps du roi) que Madame Bovary c'est toutes les femmes et que c'est sa mère :
Je préfère ce qu'en dit Pierre Bergounioux.
N'oublions pas que son premier roman Catherine, (Gallimard, 1984) devait s'appeler, sans l'intervention de Pascal Quignard, Les mésaventures de Gustave Flaubert... et que le narrateur, professeur de français dans un petit bourg de Corrèze, abandonné par sa femme (Catherine), essaie de survivre à sa douleur et à sa solitude, notamment en lisant Flaubert et en analysant son oeuvre, faisant de 1856 (parution d'Emma Bovary dans la Revue de Paris ) une date charnière.
Le jeu de miroirs est dramatique, puissant et violent.
Entre Bergounioux, qui tient son Carnet de notes, Flaubert qui depuis l'adolescence écrit en secret (une quarantaine de textes que l'on globalise aujourd'hui sous l'appelation de " textes de jeunesse"), Bergounioux qui écrit son premier roman, avec un narrateur qui s'interroge sur le premier roman de Flaubert, et qui vit (c'est tout le suspense et l'anxiété de l'histoire du livre, si on veut y en voir une) dans l'attente de la réponse d'une lettre (d'un texte) ultime (ultimatum) va-tout adressé à une femme qui n'est pas là et qui l'a quitté (le texte qui tue -suicide envisagé selon réponse ou non de Catherine- ou qui sauve, avec en attendant le texte de Flaubert qui permet au narrateur de survivre en se posant les bonnes questions...Le tout sur un fond de médiocrité et de mort...On atteint là bien sûr le vertige existentiel et on est au coeur de la Littérature.
Dans Catherine, Bergounioux donne sa première version de Flaubert. Il y reviendra plus tard dans Bréviaire de littérature (Bréal, 2004).
Mais notons que dès son premier roman, Bergounioux, via le narrateur du roman, affronte la bête:
p.41-42 :
Le narrateur lit et relit les oeuvres de jeunesse de Flaubert et se demande pourquoi avant Emma cela ne fonctionne pas sur lui. Cherchez l'erreur. Tout en décidant d'écrire (la lettre ultimatum), comme Flaubert ?
On confond "les mésaventures de Flaubert", jugées telles par Bergounioux et qui sont en fait les siennes et celles et du narrateur du roman de l'auteur Bergounioux...
p.52-53 :
Avant de se mettre donc à écrire (sa lettre) le narrateur revient sans cesse à Flaubert et à cette charnière de 1856, comme lui-même est en pleine charnière (le narrateur du roman, l'auteur du roman en train de s'écrire, les deux ?).
Le plus drôle est que face à ces miroirs embrouillés, le narrateur/auteur en arrivera à dire plus tard (p.110):
Lecteur de Catherine je pense aussitôt : Il faudrait voir le Carnet de notes.
Avant Madame Bovary :