2004 | JOURNAL DE JEAN CLAUDE BOURDAIS The Nogent le Rotrou Times ou Bourdaily on the Web |
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mardi 6 décembre 2005 | dernière page | Avant dernière page |
Portrait d'Antonietta Gonsalvus peint en 1585 par Lavinia Fontana, Musée de Blois. Suite4. (voir début) La première fois que j'ai vu ce tableau, c'était un fichier attaché à un mail de Vincent Cordebard, reçu le 14 novembre dernier, avec ce simple commentaire : Voilà qui ne va pas manquer de stimuler la curiosité de tes lecteurs. Et c'est tout. Allez savoir pourquoi, je l'avais vite oublié, n'ayant vu qu'un tableau curieux en effet, sans doute parce qu'encore plein d' Émile Friant et d'Antoine Chintreuil. Ce n'est que récemment, en faisant une recherche pour mes élèves, de chats dans la peinture, que sur la base de la Réunion des musées nationaux, je suis retombé dessus. Et c'est là que ce tableau m'a arrêté parce que je n'arrivais plus à me souvenir où j'avais déjà vu ce tableau. Ce n'est que quand j'ai retrouvé le mail de Vincent que je me suis décidé à me renseigner sur Lavinia Fontana. Sur la base citée, le titre du tableau est d'ailleurs légèrement différent ainsi que sa date : " Portrait de Tonetta, fille de Gonsalvo " 1583. (J'appris d'ailleurs plus tard que cette jeune fille est aussi communément appelée Tognina ! ) Ma première surprise, c'est que je ne voyais pas et ne sentais pas dans ce portrait un chat, et ne comprenais pas pourquoi la base de données l'avait mis là. Ensuite, si animal il y avait, ce n'était pas pour moi un chat, mais une bête plutôt imaginaire et diabolique. |
À partir de ce moment, les questions qui me passèrent par la tête furent nombreuses : - Qui était cette Antonietta Gonsalvus ? Avait-elle vraiment existé ou était-ce un portrait imaginaire ? - Ce nom de famille était-il aussi inventé ? - Pourquoi faire un tel portrait ? Lavinia Fontana avait-elle donné dans le fantastique ? - Était-ce un travail sur des monstres ou des chimères ? Lavinia était-elle aussi précurseur du sujet, aujourd'hui si fréquent dans l'art contemporain ? (J'entends par chimère un assemblage de parties disparates donnant un ensemble plutôt monstrueux, et dans ma discipline biologique, un organisme ayant des parties d'origine génétique différente, travaux et expériences très à la mode aussi depuis un certain temps, et que je connais bien, ayant enseigné, quand j'étais à l'IUFM, ces célèbres gènes aussi complexes que redoutables, que sont les gènes homéotiques). Embarrassé, car en fait je ne voyais pas quelque chose de monstrueux, ni une difformité de la nature, et me sentais tiraillé entre l'image d'une belle jeune fille, attirante et séduisante par ses beaux vêtements, et l'ensemble doux résultant de son regard et de sa bouche souriante. - pourquoi ces vêtements si riches nobles et délicats, certes de la classe des clients habituels de Lavinia ? - Qu'y a-t-il d'écrit sur le papier qu'elle tend ? - Est-ce un message ? une lettre ? Comment lire ce qui est écrit dessus ? De quelle langue s'agit-il ? Et puis : - Était-ce une personne si jeune que cela ? J'en venais même à douter de son sexe : la bouche détachée du regard, ses joues bien musclées, me semblaient finalement assez masculines. |
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Difficile de ne pas penser à Jeanne Marie Leprince de Beaumont,
Madame de Beaumont, et son célèbre conte La Belle et la bête, tiré de son livre
Le Magasin des enfants ou Dialogue d'une
sage gouvernante avec ses élèves, publié pour la première fois en 1757,
sans cesse réédité depuis, et illustré par un nombre incroyable de dessinateurs. De toutes les adaptations cinématographiques de ce conte (par Edward L. Cahn (1963) (appelé par certains l'empereur du drive-in) , Juraj Herz (1979) et Walt Disney Production (1991)), reste dans toutes les têtes celle de Jean Cocteau en 1946 avec Jean Marais inoubliable. |
Antonietta Gonsalvus a vraiment existé, et Lavinia Fontana l'en en effet rencontrée et peinte. En fait, l'existence de ce tableau s'explique tout simplement en disant qu'Antonietta était la fille de son père, Petrus Gonsalvus, dit aussi Pedro Gonzales, né à Ténérife, dans les îles Canaries en 1556. Son père voyagea beaucoup et se maria avec une hollandaise. C'est pourquoi Antonietta est née en Hollande en 1572. Quand Lavinia Fontana peint Antonietta à Parme, sans doute en 1583, la jeune fille a donc entre 11 ans (ou 13 si le tableau a été fait en 85), parce que son père avait encore déménagé pour aller en Italie. |
- Ça se complique ton histoire...et je ne vois pas de rapport avec cette tête d'animal... - Mais si, je te l'ai dit, tout se comprend parce qu'Antonietta est la fille de son père . - ? - C'est une histoire de génétique...et de peinture... et de littérature ! Il faut lire les 33 pages de Manguel dans Le livre d'images (Lavinia Fontana - L'image connivence p.112 - 145), mais aussi celles sur la photographe Marianna Gartner (l'image cauchemar ( Four Men Standing), et sur cet extraordinaire Robert Campin (l'image énigme ( la vierge à l'enfant))... - Du calme ! Je vais tout vous raconter... On va commencer par la maladie du père... - ? - Ben oui...l'hypertrichose universelle congénitale. |