samedi 6 octobre 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
Octave Mirbeau selon Max Coiffait
ou : pas toujours facile de naître ou de vivre dans le Perche !

J'ai déjà signalé le livre de Max Coiffait consacré aux relations ou influences du Perche dans la vie et l'oeuvre d'Octave Mirbeau (et parlé en particulier de La 628-E8 ) et publié aux excellentes éditions de l'Étrave, qui font dans la région un travail de qualité.
Dans ce livre, il expliquait et notait combien le village de Rémalard portait peu de traces et d'hommages à cet écrivain et semblait avoir perdu la mémoire, et désireux de le laisser dans les oubliettes.
Il cite par exemple une lettre irrésistible et qui vaut son poids en or, du sénateur local et conseiller général du coin, peu avant sa mort en 2004, c'est donc récent, et qui justifie pourquoi avoir refusé le nom d'Octave Mirbeau au collège de Rémalard :
C'est moi qui souligne certains passages de ce texte d'anthologie. (pages 35 et 36 du livre de max Coiffait) :
Faut dire que les gars " de la-haut" dans le coin, ils ne lésinent pas avec la culture ! (voir hier l'abandon du petit château de la Ferté-Vidame à un groupe hôtelier). Bon, fut dire aussi que c'est moins intéressant que la prime européenne de 300 euros l'hectare pour faire du colza!
Et bien figurez-vous, que samedi, à Bretoncelles, là où on ne s'y attendrait pas, ils inauguraient une nouvelle cité dont le maire, avait trouvé rien de mieux que de l'appeler Octave Mirbeau.
En plus, pour fêter ça, il avait invité ses habitants à se réunir autour d'une exposition consacrée au même, en leur faisant venir Max Coiffait pour leur faire savoir qui était celui qu'ils devraient maintenant, jusqu'au reste de leur vie pour la plupart, indiquer sur leurs adresses, et dont les gamins à venir naîtraient avec ce nom-là dans la tête.
Incroyable non ?
Qu'est-ce qui se passe à Bretoncelles, Les dieux leur seraient-ils tombés sur la tête ?
Ce village avait déjà l'année dernière avait fait une journée Lire en fête incroyable dont j'avais rapporté mes impressions réconfortantes ? (Je m'aperçois d'ailleurs, qu'on y voyait déjà Max Coiffait, toujours aussi souriant et passionné, et l'exposition d'aujourd'hui, mais qui était incomplète).
Donc samedi, 18 heures, je me pointe là-bas, en avance bien sûr (je peux faire des photos, tranquille).
(Vous pouvez en profiter, c'est ouvert encore quelque temps). Je regarde l'expo complète, passionnante, montrant bien l'étendue du bonhomme, je parle d'Octave, qui montre pourquoi il a toujours fait grincer des dents.
Les gens arrivent, la salle est pleine, on doit rajouter des chaises. Ils se parlent, ils me disent même bonjour, moi qui suis pourtant là comme un étranger, comme un voyeur.
Les panneaux signalent bien sûr la Société Octave Mirbeau, les travaux incontournables de Pierre Michel, spécialiste mondial on peut le dire, ayant consacré quasiment toute sa vie à cet écrivain.

Max Coiffait commence alors sa conférence. Présenter aux habitants de la résidence Octave Mirbeau qui était cet écrivain !
Y'a de quoi se poser des questions.
Mais il n'a pas l'air de s'en faire. Le dos au mur.
" Il est libre Max...Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler" dit la chanson.

Voler, je ne sais pas, mais quand il lit un extrait de l'oeuvre, avec un malin plaisir et des effets qui arrivent à faire rire le public, prouvant ainsi que le message d'Octave (il l'appelle Octave, comme tous ceux qui le fréquentent depuis longtemps), est toujours d'actualité et aussi corrosif, il se lève.
Il tiendra 1h30 sans que personne ne parte.
C'est ça la passion non ?

Il se permettra de lire aux Bretoncellois ce qu'Octave Mirbeau écrit sur les Rémarlardais dans 628-E8 , alors qu'il a 59 ans en 1907, année de publication du livre, on peut croire que c'est sa pensée définitive et qu'il ne changera plus d'avis.
Dans la version téléchargeable sur le Net, la seule disponible en ce moment (alors éditeurs ? réveillez-vous...), on trouve p.302-303 :
Et bien je dois le dire, les Bretoncellois et Bretoncelloises présents, ébouriffés, se sont bien bidonnés !
Max Coiffait !