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Vacances à Thiron-Gardais | 34ème jour : Pinnacles desert |
Une grande émotion géologique. Une émotion géologique, ça ne peut pas se rendre en photo. C'est un endroit où justement en fait des centaines, parce qu'on sait qu'on n'arrivera pas à " rendre ", à traduire, à faire partager. On dit aux amis : tu ne peux pas t'imaginer. Il faut y aller... C'était le 27 octobre 1993, avec Pascale. Une émotion géologique n'est pas une image. C'est l'immersion de notre être dans une histoire
qui dépasse la nôtre parce qu'elle s'étale sur des centaines de milliers d'années, parfois des millions.
On s'y trouve parachuté là, ému, sans comprendre, au sens propre dépassé, impuissant. Ce n'est pas de notre ordre, les milliers d'années.
Je n'ai pas envie de faire un cours.
C'est mon côté bergounien : géologique, mais pas didactique. Il suffit en plus de savoir compter jusqu'à 4. On reconnaîtra au moins que je n'ai jamais étalé ici ma science, celle de mes longues études... Tout l'après-midi nous avons arpenté ce désert, où bien sûr, il est impossible
de ne pas imaginer un scénario, une histoire, un décor de film.
Car bien sûr on n'arrête pas d'écrire dans sa tête. Quand je pense que 15 ans plus tard, ça continue encore ! Il est
impossible de retrouver les vraies couleurs. Mes négatifs ne sont que fausses vraies traces .
Je ne sais pas si c'était aussi rouge ou jaune...Photoshop m'en permet vingt versions...
Y a-t-il de vraies couleurs, quand on sait que la matière n'est pas colorée, mais que la couleur n'est qu'un outpout de notre encéphale, terminale d'une une longue chaîne de réactions, qui en plus sont individuelles? Ces dizaines de photos sorties de mes albums à 60 ans, au hasard des pages feuilletées,
ne sont-elles pas finalement
analogues à ces milliers de concrétions calcaires,
visibles uniquement à cause de l' érosion et de l'action du temps ?
Quand on sait que
la ville la plus proche du parc s'appelle Cervantes, je ne peux m'empêcher de penser face et dans ces rochers,
à des doigts d'honneur pointés vers le ciel.
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