Mercredi 19 octobre 2005 Hier Avant hier
Un mercredi enchanté.
À cause d'un livre. Ça arrive. Brillant, bien écrit, intelligent, précis, bourré de trésors. Il parle dans son titre de littérature au présent, mais c'est un livre visionnaire, plein d'intuition, de vision et de perspicacité.
Un livre où on parle enfin sérieusement et abondamment d'Antoine Emaz, de Pierre Michon, de Pascal Quignard, Charles Juliet, de Pierre Bergounioux, de François Bon, de Jean-Philippe Toussaint, de Jean Echenoz, de Claude Simon, de Christian Prigent et de tant d'autres, dont d'habitude on ne parle pas tant que cela (Jean-Claude Pirotte, Jean-Michel Maulpoix, Jacques Réda...) Tous les bons sont là, placés, envisagés, mis en relief, dans ce qu'ils apportent ou la place qu'ils occupent, reconnus ou pas.
Héritage, modernité, mutations. Le sous titre éclaire le propos : défricher le présent, voir d'où il vient, voir ce qu'il porte en lui, ce qu'il promet, ce qu'il révèle. Les différents chapitres des différentes parties sont autant de desserts exquis pour qui aime la littérature.
Un Livre qui donne sens, trouve les aiguilles dans les bottes de foin, sépare les paillettes des véritables trésors, choisit, parie, invente, imagine, trouve. Un livre de repères.
Un livre qui donne envie de dévorer d'autres livres, de découvrir ceux que l'on ne connaît pas autant que relire certains auteurs, qui nous donne l'impression d'être intelligent, qui nous donne envie de crier vive la littérature, de ne pas se laisser décourager par la profusion de livres médiocres qui pullulent sur les gondoles et les tables des libraires et dont le système de promotion vous entartre et vous vide le cerveau.
Livre bourré d' extraits et de citations rares et qu'on a envie de souligner à tout bout de page, et qui va faire référence pour longtemps, qu'on aura envie de garder à portée de la main sur son bureau.
Car ce livre défriche et sème.
Un livre dont je viens de me séparer pour faire cette page, heureux à l'idée de le retrouver tout à l'heure dans mon lit.
C'est écrit par Dominique Viart et Bruno Vercier.
Je suis très content car Bruno Vercier, c'était mon professeur quand j'étais à l'Ecole Normale de Chartres. Jeune professeur, avant qu'il n'aille enseigner la littérature à l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle. Un des enseignants sans lequel je ne serais pas ce que je suis si je n'avais eu la chance et de bonheur de recevoir son enseignement. Je lui dois plus que je ne pourrais jamais le dire, même si j'ai essayé de lui écrire, et que nous correspondons de temps en temps par mail... C'est un spécialiste de Pierre Loti sur lequel tous les essais ou préfaces sont connus...mais a aussi écrit sur Nathalie Sarraute ("(Nouveau) Roman et autobiographie: Enfance de Nathalie Sarraute", French Literature Series 7, 1985, p. 169.), sur Queneau (Pierrot mon ami de Raymond Queneau, Bigot Michel et Bruno Vercier, Gallimard 1999), Julien Gracq...Son livre La littérature en France de 1945 à 1981 n'a pas cessé d'être réédité 1970, 1982, 2005).


Je ne néglige pas du tout le travail énorme et l'intelligence de Dominique Viart, professeur à Lille III, mais je vous le laisse découvrir, au cas où, avec la page très bien faite de remue.net et une autre sur le même site concernant Une mémoire inquiète, son essai sur l’oeuvre de Claude Simon.
Pour tous ceux qui croient encore à la Littérature, on ne peut trouver livre plus éclairé.
On appréciera par exemple, et entre autres, les quatre chapitres de la sixième partie (pages 412 à 458), consacrés à la Poésie, malheureusement si souvent moquée, décriée ou ignorée, sujette à tant de préjugés...
Deux heures plus tard...
* Voir hier, ou le dossier Delacroix.