Ce matin au réveil, confirmation par un mail de Joëlle C., 
qui m'envoie une petite photo,

qui m'envoie à 
son tour comme Caroline au Musée du 
Petit Palais 
à Avignon. Merci Anne, merci Caroline.
Érigé au 
 début du XIVème siècle, son nom le distingue et l'oppose à son puissant
  voisin le 
Palais des Papes, commencé en 1334
   par le pape Benoît XII.
  Pour ceux qui débarquent, je rappelle que je cherche un Campana, à cause de 
  
LLdeM, provocateur et ami devant l'Éternel, 
  et qu'
 hier   je me suis égaré avec Pedro de Campaña, qui nous a
   mené avec plaisir à Pietro Aretino, le célèbre Arétin. Mais il n'empêche que je faisais fausse route, sauf si bien sûr,
    on croît encore que tous les chemins mènent à Rome. 
 
   
 
Le Petit Palais : après une 
histoire qui a elle 
seule vaut le détour, il fut nationalisé et vendu après la révolution. 
D'abord petit séminaire, puis en 1904
école professionnelle et technique, il héberge depuis 1976 un musée célèbre
 dédié à la peinture italienne du Moyen Age et de la Renaissance, et à l'art avignonnais de la même époque. Et c'est là, Euréka, qu'on est obligé de tomber 
 sur le nom de Campana.
 En effet, les collections de ce musée ont une double origine : un dépôt du
  
musée Calvet et la 
  
collection Campana dont provient la majorité des peintures italiennes.
  Qui était donc ce Campana ?
 
   
   
Giampietro Campana di Cavelli. Il naquit en 1807 et devenu marquis mourut banni en 1880. En effet, condamné à 20 ans de galère
 en 1858, le pape PIE IX avait commis sa peine en bannissement perpétuel.
 Ça commence bien ! Entre les deux dates,
 un parcours comme on les aime ! 
Une histoire que ma grand-mère aurait résumé en disant : " Il avait les yeux plus gros 
 que le ventre".
   
   Je résume les étapes à ma manière, fortement influencée comme toujours par mes origines paysannes.
- Né dans une riche famille bourgeoise de Rome.
- Pas de problème d'argent : il a des revenus fonciers et industriels conséquents (possédait entre autre une grande fabrique
 de marbre).
 - Il assure aussi une 
fonction honorifique : Directeur du Mont de Piété de Rome, véritable banque 
 de dépôt des finances pontificales. Vous voyez le compte en banque que ça fait et le carnet de chèques dont vous avez 
 la signature !(
j'ai vérifié, le chéquier
  apparaît au début du XVIIIème siècle). Bon, je sais qu'en disant cela, y'en a qui imaginent 
  déjà la suite, 
bonjour la pédagogie et la surprise !
  - Curiosité encyclopédique, passion de collectionneur illimitée : il aime tout : les vases, les sculptures étrusques et
   romaines, les terres cuites, les bijoux, les verres antiques, 
   
majoliques, bronzes, 
   
Della Robia, peintures...
   - Il ne peut s'empêcher ni s'arrêter de tout acheter et d'entasser dans ses palais romains (plus de 
15000 œuvres.
    Oui j'ai bien dit quinze mille). Il achète en Italie mais ailleurs aussi, participe aux fouilles archéologiques 
	 à Ostie, Frascati, Cerveteri et le long des principales voies romaines.
	 (C'est pas con : y'a qu'à creuser et se baisser pour ramasser le butin...oui, mettez tout ça à la maison...)
	- Ça ne l'empêche pas de faire la fête et mener grand train de vie, au contraire, 
	on ne s'ennuie pas chez lui, y'a des choses à voir ! Sa renommée dépasse les frontières.
	- Il n'y a pas de fortune illimitée (et 
j'ajoute toujours que Balzac a dit que toute fortune repose sur un crime).
	 Le Marquis 
	s'aperçoit qu'il ne va pas tenir le coup. 
Il a une idée osée mais de génie.
	- Directeur du Mont de Piété, il propose au Ministère des Finances Pontificales, de se faire son propre prêteur sur gage.
	 Ben tiens,
	 pourquoi pas ? le beurre et l'argent du beurre !
	Il gage ce qu'il a et prend le fric en liquide pour continuer d'acheter...
	- Seulement les financiers de l'Église se rendent bien compte qu'
il y a un cafard dans leur bénitier, et qu'en 
	quelques années, ils ont bien des tonnes de cailloux et de bazar en gage...mais
	qu'il n'y a plus de fric sur leur compte. Première inspection : non seulement y'a plus de sous mais déjà un 
déficit
	 d'un million d'écus romains.
	 - 
Après le pain béni, le pain sec :
	 - 1857 : Le marquis est arrêté, jeté en prison. Long procès, condamné à 20 ans de galère en 1858. Le pape Pie IX commua
	  plus tard cette peine en bannissement perpétuel quand il aura récupéré le fric. Ça se comprend. Les 
	  collections du marquis sont donc
	 saisies et mise en vente par le gouvernement pontifical. 
	
  
	
	 - 
Pour une fois, la France a le nez creux : Par décret impérial, la collection Campana est acquise en 1861. L'achat
	  porte sur 
11.835 objets et 646 tableaux ! Il fallu un crédit exceptionnel voté par la chambre 
	  (voir 
la 
	  Thèse de doctorat en histoire de l'art de  Catherine Granger :  
La liste civile de Napoléon III : 
	  le pouvoir impérial et les arts, juin 2000)
   
 
    
	
Voilà ce qu'on 
	appelle 
la collection Campana.
	Son catalogue est monstrueux. (
Il est 
	en ligne. 
	Chaque objet est numéroté, identifié, localisé...).
	 Un boulot exhaustif de fou (de folle) a été fait par Suzanna Sarti.
   Il y a 12 classes d'objets (numérotées de I à XII ) avec pour chaque classe des séries ou parfois des sections 
   (elles aussi numérotées en chiffres romains). On voit l'étendue de la folie de ce marquis, sympathique quand même d'avoir
    osé piquer le fric là où il était à l'époque, à savoir  
   dans les caisses du pape. 
Il n'y a donc pas qu'en France qu'on trouve un divin marquis !
   Ça vaut le coup d'aller ne serait-ce que pour la première page voir 
   (colonne de gauche) toutes les catégories d'objets et contempler l'étendue du désastre !
   On peut aussi, dans le détail voir où tout a été réparti, car revenons à Napoléon III qui d'un coup nous devient sympathique 
   (je ne sais pas pourquoi mais je ne l'ai jamais aimé, peut-être à cause tout simplement de sa moustache en pointe et
    sa barbichette, mais bien sûr il a fait un bond de géant dans mon estime aujourd'hui.
 Mieux 
	vaut dépenser l'argent public à ça
	qu'à un sous marin nucléaire, non ?)
  
	Pas simple pour autant d'acheter tout ce bazar, ça en fait des camions ! Et y'a des trucs qui pèsent trois tonnes !
	 C'est que le Marquis, il ne faisait pas que dans la dentelle.
 
 
	
La collection Campana quitta donc l'Italie pour occuper l'ancien Palais de l'Industrie à Paris, inauguré en 1853, 
	mais ouvert pour peu de temps car,
	 victime de jalousies et d'intrigues diverses, l'établissement ferma rapidement ses portes. Je passe sur les épisodes,
	  mais on peut croire que la
	  collection est maraboutée.
	  Grande polémique : Que faire ? 
Dès juin 1862, Napoléon III décide de fermer le musée Napoléon et de réunir la
	   collection au Louvre
 ou de la disperser en province.
	    
	   
	   Deux clans se forment, 
Ingres écrit à ses collègues de l'Académie pour préserver l'unité du musée :
	    "
 il me paraît impossible de diviser cette collection ". 
Delacroix prend position dans le même sens.
la solution de Napoléon III, c'est alors de la répartir selon le contenu.
L'Académie conserve le choix de la commission de 97 tableaux pour le Louvre, y ajoute 206 tableaux, les autres,
 322, sont envoyés dans 67 musées de province, 
 et 141 autres tableaux sont encore dispersés en province en 1872, 38 encore en 1876.
 

  " 
On pouvait alors croire que le souvenir même de la collection Campana serait à jamais effacé. "
	 
	 
La collection de peintures : dans plusieurs musées de provinces (bonne idée ?)( ex au Musée des 
Augustins à Toulouse) mais depuis depuis 1976 elle est
	  partiellement 
	 regroupée dans le 
Musée du Petit Palais d'Avignon (retour à notre case départ d'aujourd'hui)
	
	 
Les objets  :
	  selon leur nature, on les retrouve
	  
	 

	 - au 
Louvre (dont l'important ensemble de 3 500 
	 vases grecs et terres cuites). il y existe d'ailleurs depuis 1998 
	 la 
galerie Campana 
	 (
trois salles  partagées selon 
	 les jours entre le public et les chercheurs, environ mille céramiques grecques).
	 Pour les pressés, on peut voir d'
un seul clic des 
	 centaines d'objets de la collection Campana du Louvre.
	 - dans d'autres musées, de différentes villes de province, comme le Musée de l'Hôtel Sandelin, à 
Saint-Omer 
	 qui a récolté 80 très belles pièces...
	 
à voir, au musée Henri 
	 Martin de 
Cahors (
céramiques antiques), 
	 de 
Boulogne sur mer, Lyon...
	
  
	Bon, Campana on sait qui sait et l'histoire de sa collec, mais c'est pas le tout,
	 ce n'est pas ça qu'on cherche en fait.
 LLdM, mon provocateur m'avait glissé Campana comme une peau de banane 
	 (j'ai bien glissé dessus hier en effet),
	 mais pour me 
	faire trouver des cassoni, pour lui "les plus éblouissants du monde". 
Il a intérêt qu'il soient beaux ses panneaux !
	
 
	J'ai déjà parlé des cassoni plusieurs fois 
	(dont 
le 21 mars , avec un très 
	bel exemplaire en bas de la page). 
	Je rappelle vite, pour les pas courageux ou ceux qui n'ont pas l'adsl et qui n'ont
	 pas d'argent à foutre en l'air, que les cassoni (un cassone au singulier, ou coffano, ou forziere)
	 ce sont des coffres de mariage que l'on offrait (le mari ou la belle famille) à la jeune mariée pour qu'elle range 
	 (dans sa chambre,
	  souvent au pied de son lit)
	 son linge, ses babioles, ses porte bonheurs, les lettres de son ancien petit copain,
	 

 bref
	  tout son bazar. Les riches les
	  donnaient à peindre aux artistes, souvent inconnus mais parfois connus).
	 C'était bien sûr un super-cadeau, d'autant plus qu'à l'intérieur, ils en profitaient parfois pour peindre à l'intérieur,
	  des trucs parfois assez ollé ollé, ou qu'ils n'avaient pas le droit de peindre pour le public...Parce que la commande 
	  était souvent des
	  scènes mythologiques, chevaleresques ou bibliques destinées à rappeler la morale du mariage. 
	  Mais il arriva qu'on brûle sur la place publique des cassoni pour leur intérieur sulfureux...
	   C'est sur le site de l'Université de Grenoble, que je trouve une 
	   
page de Pierre Sauzeau (qui est de l'université Paul
	    Valéry de Montpellier 3) qui est ma référence sur les cassoni.
 
	   Il fait référence entre autre bien sûr, à 4 panneaux (en bois de peuplier  précise t-il) de cassoni 
	   peints par un inconnu
	   ( un maître sans doute d'origine française, actif à Florence au début du XVIème siècle, précise t-il encore) 
	   et qui raconte la légende de Crète  ou Légende crétoise  en quatre compositions .
	 
	   Je tiens le bon bout. Parce qu'ils font partie de la collection Campana et sont au musée du petit palais d'Avignon, 
	   on référencie l'auteur comme : Maître des Cassoni Campana. Le tour est joué !
	   Les panneaux sont peints à l'huile et sont de taille allongée (forcément),
  
	     - Les amours de Pasiphaé (1,82m x 69 cm)
	   - la prise d'Athènes par Minos (1,83m x 69 cm)
	   - Thésée et le Minotaure (1,55m x 69 cm)
	   - Ariane à Naxos (1,55m x 69 cm)
 
 
	   Je vais chercher des reproductions et je reviens...