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Vacances à Thiron-Gardais | 21ème jour : les klongs de Bangkok |
Nous sommes le mercredi 16 septembre 1981, à Bangkok, depuis quelques jours, avec
un billet avion (aller seulement) qui s'arrête là. Un routard nous a dit un soir, (il y a un mois) à la terrasse de l'Hôtel de la Poste à Saint-Louis du Sénégal,
que dans l'île de Penang,
ils vendent tous les billets d'avion qu'on veut à des prix imbattables, ne suivant pas les accords internationaux.
On va donc aller à Penang, voir si c'est vrai. Si cela n'est pas vrai, nous sommes vraiment dans la merde,
et ce type était un vantard.
Pourquoi ai-je toujours cru ce qu'on me disait ? En attendant, on a besoin de calme, et on décide que les temples ça suffit et qu'on va se mettre au vert en allant se ballader sur ces fameux canaux, les klongs, qui donnent à Bangkok le surnom de Venise de l'Orient. À 6 heures du matin, un thé et quelques toasts engloutis près de l'embarcadère,
on s'était pointé pour les célèbres marchés flottants,
et je le noterai sur mon journal, à ma grande surprise, avec très peu de touristes candidats.
.
.
Vingt sept ans plus tard, je me souviens que j'ai pris cette photo, pour le regard de la jeune fille qui revenait
de son marché avec un bouquet rose. À quoi pouvait-elle penser ? C'est sans doute cette curiosité-là qui me
la rendait belle, et disponible pour mon imaginaire, qui s'en alimente, je m'en rends compte, encore aujourd'hui.
Je note sur mon journal :
" après le marché, et une longue marche à pied, nous nous retrouvons largués et perdus, si bien que nous prenons un taxi pour revenir vers le centre ville, où nous mangeons des oeufs de perdrix et une soupe avec beaucoup de maïs. Nous rentrons à l'hôtel car Karine dit être fatiguée et avoir envie de faire une sieste, malheureusement non amoureuse. Je sors acheter des cartes postales, des timbres, et fais dans une échoppe des photos d'identité. De retour nous décidons de louer un de ces bateaux " à longue queue " avec pour propos d'aller sur des klongs où il n'y a personne. Le type semble avoir compris car jusqu'au soir, en effet, nous n'avons rencontré presque personne, dérivant dans ce qui ressemble à une campagne tranquille, verdoyante et impossible à imaginer à quelques kilomètres d'une capitale de plusieurs millions d'habitants, dont la population est toujours difficile à estimer, justement à cause de ce que dans mon guide ils appellent la " population flottante " où nous sommes. J'ai toujours rêvé de vivre sur l'eau et mon goût pour les pilotis est donc ici comblé. " " On pourrait se croire dans un Eden oublié
où tout semble simple. Il faut que je me force en silence pour penser à ce que la beauté de ce moment-là cache
sans doute d'insalubrité et de misère. "
" Karine ne dit rien, notre pilote non plus, heureusement.
Chacun perdu sans doute dans ses pensées
et dans sa vie. En réalité, je ne peux pas m'enpêcher de me demander, comme à chaque
fois que je voyage, ce que je fais là."
Et de ne trouver toujours que la même réponse, à Thiron-Gardais vingt sept plus tard
: Il faut bien être quelque part. "
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