Nous sommes le 26 octobre 1981.
Il a fallu se lever tôt à Jogyakarta pour attraper une série de bus qui doivent nous mener à 42 km visiter le temple de Borobudur, situé à peu près au centre de l'île de Java.
C'est le plus grand monument bouddhiste du monde.
Une pyramide de plus de 100 mètres de côté avec quatre galeries successives superposées, avec sur le toit 3 terrasses circulaires et 72 célèbres stupas, ces sortes de cloches de pierre ajourées qui contiennent chacune un bouddha, et qui dessinent, vues d'avion, un mandala .

Il fait un temps épouvantable, il n'arrête pas de pleuvoir, ce qui explique peut-être que nous nous retrouvons quasimment seuls, K. et moi.
On s'attendait à la foule puisque ce temple est censé guider le croyant sur le chemin de l'illumination, et que c'est un lieu de culte et de pélerinage célèbre pour tous les bouddhistes d'Indonésie et du monde.

Construit vers le IXè siècle, ce temple abandonné depuis le XIIè siècle a été redécouvert en 1815 par Stamford Raffles, et ça ça me dit parce que c'est lui qui a donné le nom à la plus grosse fleur du monde, la Rafflesia, qui m'avait estomaquée dans un musée lors de mon deuxième voyage à Londres, en 1971 avec Paule O., quand je préparais ma maîtrise de sciences naturelles : 1 mètre de diamètre, 10 kg. Cette plante parasite n'a ni tige, ni feuilles, ni racines, elle est à même le sol et vit comme un champignon.
Son nom est Rafflesia arnoldii car pour être précis c'est un botaniste de l'époque, Joseph Arnold qui l'avait trouvée à Java, lors d'une expédition menée par Raffles, et qui sera nommée plus tard par un botaniste écossais Robert Brown en hommage aux deux hommes, attribuant à l'un le nom de genre (Rafflesia), et à l'autre le nom d'espèce (arnoldii)
Pour la grande histoire Raffles est connu aussi comme le fondateur de Singapour, et Brown pour le célèbre mouvement brownien. Tous ces hommes étant des pluridisciplinaires comme on n'en trouve plus souvent de nos jours !

En fait, ce qui m'a le plus intéressé et plu dans ce temple furent les bas-reliefs qui couvrent tous ses murs. Les chiffres sont impressionnants : 2500 mètres carrés au total, sur une longueur de 5 kilomètres ! Taillées dans de la pierre volcanique, elles participent à la couleur grisâtre de l'ensemble

Seule fois de ma vie sans doute où je me suis promené au coeur d'un mandala, représentation à valeur mystique et rituelle, représentant sous la forme d'un diagramme géométrique, le cosmos et les différentes relations qui s'établissent entre le matériel et le spirituel ", sans m'en rendre compte, trop préoccupé par les relations tendues avec ma compagne d'alors.
Pourtant le plan et la photo aérienne sont là pour le prouver.

..