2004 | JOURNAL DE JEAN CLAUDE BOURDAIS The Nogent le Rotrou Times ou Bourdaily on the Web |
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jeudi 25 août 2005 | Hier | Avant hier |
Grande surprise hier en sortant de l'exposition Big Bang. Léa, d'habitude si timide et ayant si peu confiance en elle et en public, se laisse choisir par Postillon le jongleur, devant une foule de 5 à 600 personnes. je la vois se lever et me demande comment elle va s'en sortir et suis malheureux pour elle... J'ai tord. Elle garde le sourire et s'en sort très bien sous des applaudissements chaleureux...Je vois dans ses yeux, qu'elle est fière d'avoir réussi... je lui demande si elle a eu peur. Elle me dit que oui, mais qu'elle a essayé de ne pas le montrer. Je la félicite sincèrement d'avoir fait ce qui pour elle a du être un gros effort. Charlotte et moi, spectateurs assis au premier rang, avions bien sûr, fortement applaudi, autant surpris, l'une de voir sa soeur " comme ça ", l'autre de voir sa fille " comme ça ". |
bravo ! |
Longue journée que ce jeudi : - Paris Nogent le Rotrou, sous la pluie continue, - Passage à Thiron-Gardais, voir ensemble une dernière fois ensemble, avant longtemps, la maison. Un côté du toit est terminé, beau comme tout... Ils ont commencé le petit toit au-dessus de la cuisine. - Aller et retour à Angers porter les filles chez leurs grands-parents maternels. Retour triste comme à chaque séparation, malgré une belle lumière du soir sur les régions traversées. Au retour, je comble le vide et le silence de la maison, en retournant dans l'atelier de Bazille. |
L'atelier de Bazille, quatrième. Ce tableau est facile à reconnaître car il est assez connu comme ayant été refusé au salon de 1869. Il s'agit du pêcheur à l'épervier, peint en juillet 68, et que l'on trouve aussi sous le titre de pêcheur au filet, et qui a fait couler beaucoup d'encre. Cette grande toile de 1,34 m sur 83 cm appartient à la fondation RAU pour le Tiers Monde, basée à Zurich. Nu masculin censuré pour indécence, pour "réalisme trop conséquent". Il avait été présenté en même temps par Bazille que la vue du village (vue hier) et qui elle, avait été acceptée. Il faut dire que la jeune fille bien sage, avec ses deux petits noeuds rouges, faisait figure de jeune vierge à côté de ce mâle bien dressé, aux fessiers bien dodus... On n'avait plus là les corps de l'Antiquité, mathématiquement beaux et modelés comme des mythes. Bazille fut affecté, de ce refus, malgré le soutien de Bonnard et de de cabanel. " Le jury, écrit Bazille, a fait un grand carnage parmi les toiles des quatre ou cinq jeunes peintres avec lesquels nous nous entendons bien. J'ai une seule toile retenue : la femme. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'il y a contre nous une vraie animosité. C'est M.Gérôme qui a fait tout le mal, il nous a traité de bande de fous, et a déclaré qu'il croyait de son devoir de tout faire pour empêcher nos peintures de paraître. " Diane Pitmann (dans son livre Bazille, purity, Pose and painting in the 1860s) précise qu'il peint là une pratique de nudisme courante chaque été chez les baigneurs du midi et que le maire de Montpellier n'arrivait pas à la stopper bien que l'ayant interdite. Bazille peignait là donc aussi une pratique qu'il appréciait et qui risquait de disparaître. Il peignait en même temps la pêche à l'épervier qui était elle aussi une pratique locale. Tableau mal compris même par Berthe Morisot pour qui Bazille avait là échoué " à mettre une figure en plein air " ! Et pourtant quelle vigueur , le geste est retenu, prêt à exploser pour lancer le filet. La tension est augmentée d'ailleurs grâce à l'opposition de l'autre jeune homme plutôt alangui, que certains interprètent comme un clin d'oeil (une petite concession pour le jury ?) à la tradition classique. En effet ce second personnage rappelle le célèbre Tireur d'épines de l'antiquité, comme on peut le voir au musée du Capitole à Rome ou dans le célèbre tableau de Giovanni Paolo Pannini de 1758 qui est au Louvre : Galeries de vues de la Rome antique. Bazille en mettant ce tableau sur les murs de son atelier proteste donc à sa manière contre l'institution du Salon trop classique rétrograde et sclérosé. Mais on verra que ce n'est pas le seul "refusé" représenté dans son tableau. Notons au passage aussi, que ce tableau conforte l'idée que j'ai pu trouver dans certaines études, à propos de l'homosexualité de Bazille. Mais sur des revues ou des sites gays, on trouve surtout reproduit un autre tableau apprécié et célèbre, scène d'été, ou l'on voit plusieurs groupes de jeunes hommes en train de jouer et de se baigner, et qui est au musée de Cambridge dans le Massachussetts. |