I-Phases d'écriture (sujet de cette bergounienne) |
chap.1
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Vendredi 9 nov 1990 p.940 |
Tout le matin à essayer d'ouvrir le premier chapitre du nouveau récit.
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Ce sont ses mots. il commence un nouveau récit. Il ne dit pas roman. |
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Mardi 13 nov 1990 p.940 |
Il est à reprendre tout entier mais le moment n'est pas venu.
Je n'ai pas le recul nécessaire. Il faut laisser du jeu, des fils qui pendent, des trous partout.
C'est à la fin, si j'y parviens jamais,
que je saurai, que je pourrai revenir sur ma trace
pour dire ce que j'ignore encore. |
doute, mais on pourra toujours revenir en arrière...se lancer dans l'inconnu écrire, expérience,
partir à la recherche? |
chap.2 |
Mardi 13 nov 1990 p.940 |
J'attaque le chapitre deux sans que
le premier ressemble à un chapitre. |
chap. 3 |
Dimanche 9 déc. 1990 p.941 |
J'ouvre les yeux à trois heures et demie du matin, passe au bureau,
me jette dans l'épaisse confusion de chapitre trois. Je suis longtemps à pressentir
l'ébauche d'un ordre. Il est huit heures que j'ai tout juste couvert une page mais c'est par excès de matériau.
Des ramifications se détachent inopinément,
d'autres s'évanouissent quand je les abordais. Il
est près de midi lorsque j'ai rendu la deuxième page.
...M'assois au retour, comme ça, à la table de travail
et prolonge d'une page et demie le chemin taillé en matinée. |
Bergounioux plusieurs fois utilise l'image d'un chemin à tracer ou à découvrir |
chap.4 |
Dimanche 16 déc. 1990 p.942 |
Levé à cinq heures, en même temps que Cathy. Je comptais avancer sans trop d'encombres
dans le quatrième chapitre. Je suis arrêté dès le seuil et mets du temps à comprendre que c'est pour n'avoir pas compris
de quoi il retourne vraiment. L'idée claire et distincte me manque et, sans elle, on n'y voit rien,
on ne va pas. Lorsque je me rends à l'évidence, le meilleur de la matinée est enfui, j'ai gaspillé les forces chichement
contingentées que chaque nuit me rend. |
chap. 4 |
lundi 17 déc. 1990 p.942-43 |
Comme les quatrièmes disputent les joutes sportives rituelles,
je suis exempté des deux heures de la matinée,
que je mets à profit pour
revenir à la charge contre les portes fermées du chapitre quatre.
Si rude, rebutante est la tâche que je dois me tenir à quatre pour ne pas lever le siège. Je finis par mordre,
perçois, si imparfaitement que ce puisse être, encore, l'arête des faits. Je n'aurai rempli qu'une page et demie
lorsque je pars mais
j'en couvre une autre de notes hâtives, de jalons sur la route où j'essaierai de progresser demain. |
Bergounioux avoue, il n'est pas à son premier livre, que la tâche le rebute. Il y va comme à reculons...Il doit se
forcer pour ne pas fuir. |
chap. 4 |
mardi 18 déc. 1990 p.943 |
...Je travaille jusqu'à midi, couvre deux pages mais avec le sentiment que la chose m'échappe,
qu'elle se dérobe à l'instant où je l'effleurais et je reste béant, essoufflé, la plume en l'air.
Mais je sais
ce que je veux et si j'en suis empêché, cela ne dépend pas de moi. J'ai fait tout ce que je pouvais. |
Bergounioux est tenace, déterminé. Certains disent teigneux. |
chap.4 |
mercredi 19 déc. 1990 p.943-44 |
Debout à cinq heures. Pas d'anticipation, de reconnaissance préalable. J'attaque tête baissée
la page à remplir et restrai courbé sur la
table de travail jusqu'à cinq heures et demie de l'après-midi que la fatigue me tire en arrière.
(suit long texte ou explique son attitude vis à vis de son père,
en analysant sur ce quoi il écrit visiblement, sans pour cela l'affirmer clairement :
Je brode sur le principe structural...) |
Attaque mais reste courbé...Comme le roseau qui plie mais ne rompt pas... |
brève pause |
vend 21 dec 1990 p.944 |
D'hier, des jours passés, des mois écoulés, il me reste un mélange de lassitude et d'agitation dont
je sais, maintenant,
qu'il est incompatible avec la sérénité morne du travail. Autant me rendre à Paris
pour y faire provision de livres. |
Se connaît bien et connait bien son travail. Fait une pause, laisse reposer la pâte. AR écriture/ lecture
utile, habituel et nécessaire chez B. |
n'écrit pas mais... |
Vendredi 21 dec 1990 p.945 |
...Et puis le nouveau récit où je suis engagé, et qui compte quatre chapitres, n'a comporté aucun moment de ces
gouffres sans fond où il m'a semblé qu'il pourrait rester enfui, et moi avec lui.
De n'être pas rongé d'inquiétude, voilà qui m'inquiète. |
Typique chez B. Angoissé de ne pas être angoissé... |
Vacances en Corrèze départ le dimanche 23 décembre
fin de Carnet de notes 1980-1990 |
Début de Carnet de notes 1991-2000 retour banlieue parisienne le lundi 1er janvier 1991 |
chap.4 |
Mardi 1er jan.1991 p.8 |
Demain, il s'agira de recommencer à écrire. Cinq mois que je n'avais cessé.
Ce fut un grand bonheur que de chercher du métal, de le modifier, quatre jours durant.
Et la peine d'ajouter un mot à un autre va me rendre triste, mécontent pour des mois. |
Redoute toujours de se mettre à écrire, surtout reprendre après un arrêt.On peut se demander si B. N'est pas un peu maso. |
chap. 4 encore ? |
jeudi 3 jan.1991 p.8 |
De six heures du matin à huit heures du soir près du feu, la plume à la main.
J'avance de trois pages. Il a plu tout le jour. |
n'écrit pas mais... |
Lundi 7 janvier 1991 p.8-9 |
Courses au supermarché et de médiocre divertissement est le bienvenu.
J'observe que, ne comptant
pas me remettre
au travail, c'est de sang-froid que je parcours les allées et c'est peut-être la première fois de ma vie que je
peux être à ce que je fais
quand c'est sans rapport avec les seules choses que je tienne pour dignes d'être faites, lire, écrire. |
LA photo que je voudrais faire : Bergounioux au supermarché poussant son caddie.
écriture qui l'empêche de " vivre " ou d'apprécier le quotidien ? |
N'écrit pas mais... |
Jeudi 10 jan 1991 p.9 |
Levé à cinq heures et demie. je prépare le chemin que la plume parcourra, demain, avant de gagner le collège... |
chap.5 |
vendredi 11 jan. 1991 p.9 |
J'écris jusqu'à quatre heures de l'après-midi, avec des haltes involontaires.
C'est la fatigue, la diminution d'hier qui me font reculer,
lâcher prise, par moments. |
B. sait quand il ne faut pas forcer. Connaît ses limites. |
A failli écrire mais... |
Mercredi 16 jan. 1991 p.10 |
J'ai relu, pour le clarifier, l'avant-dernier récit- la fin de l'adolescence, l'approche de 1968. Rien n'est ingrat
comme de reprendre un matériau refroidi, durci, passé. Je termine avec un sentiment de délivrance.
Je suis pour revenir à l'affaire présente mais Paul arrive.... ...jusqu'à midi. Ensuite, violent accès de fatigue, prostration, hébétude. Incapable de reprendre la plume. |
Retour en arrière...sur un autre texte. Prendre de la distance vis à vis du sujet en cours ? Se relancer ? |
N'écrit pas mais... |
jeudi 17 janv. 1991 p.11 |
Il est sept heures et demie du soir lorsque nous rentrons et je n'ai rien fait,
depuis le matin, qui m'ait touché vraiment,
intéressé au sens le plus strict du terme. |
Quand il n'écrit pas ou ne lit pas B. n'a pas le sentiment d'exister. L'écriture et la lecture sont les 2 "lieux" où
il n'a pas l'impression de perdre son temps, les 2 " champs " où il est à sa place. |
Veut commencer chap. 6 mais... |
vendredi 25 jan.1991 p.12 |
Levé à quatre heures. Je reprends, une fois encore, des passages
confus de l'avant-dernier récit que j'avais déjà remaniés, pourtant.
Leur relecture, à une semaine d'intervalle, m'a encore contrarié [...] À dix heures, j'ai fini et
la belle résolution qui m'animait se défait soudain.
C'est en vain que j'essaie de revenir à l'affaire en cours,
d'ébaucher le chapitre six. je n'ai plus l'énergie, le courage. |
Parlera souvent de l'écriture de ce récit comme d'une affaire en cours...comme l'écriture tout
court qui est l'affaire de sa vie. |
chap. 6 ? |
Vendredi 1er fév. 1991
p.12 |
Lever à quatre heures et demie. À midi dix, j'ai rempli mes deux pages.
Étrange troc que celui de huit heures de ma vie contre quatre
demi-feuillets pleins de ratures et de repentirs. L'échange me
semble toujours disproportionné. le meilleur d'une journée, tant de lenteur et de peine,
contre une poignée de mots ! [...] |
écrit, mais sur son carnet fait les comptes, trouve que c'est cher payé, pas rentable... son côté " curé " parfois. |
chap. 6 |
Mercredi 6 fév. 1991 p.15 |
[...] M'étant levé tôt, j'ai rempli une page, avant de partir. Mais lorsque
je suis de retour, à onze heures et demie, je comprends que je ne couvrirai pas la deuxième. [...] |
chap. 6 |
Vendredi 8 février 1991 p.15 |
Levé à quatre heures. Je m'interromprai à midi, ayant rempli vaille que vaille mon devoir - deux pages.
La reprise a été laborieuse après une semaine gâchée par les sorties, le soin des enfants... |
Il n'y a que l'écriture qui compte chez B. Même ses enfants l'énervent parfois, il ne s'en cache pas, chez lui comme au collège. les siens comme ceux des autres. Et pourtant, il les aime aussi. |
chap. 6 |
Samedi 9 fév. 1991 p.16 |
Levé à trois heures et demie du matin. Mais je suis un long moment
à me mettre dans
l'état requis, à entrer dans le
monde spécial dont je fixe les contours la teinte, sur mon papier. À peine aurai-je rempli les deux tiers
d'une page lorsque je pars pour le collège... |
Il y a un côté rituel, cérémonial et cérémoniel de l'écriture chez B. (sa planche, l'attente que ça vienne,
la mise en tension...) |
chap. 7 |
Mercredi 13 fev. 1991 p.16 |
Levé avant cinq heures, avec la ferme résolution d'entamer
le septième chapitre. Il me faut un long moment avant d'ouvrir une brèche dans l'obstacle.
Ensuite avec des lenteurs, des arrêts, je me tiendrai courbé sur mon papier jusqu'à dix heures du soir,
couvrant deux pages et demie. lorsque,
par instants, je relève la tête, c'est pour souffler, proférer à mi-voix un mot de détresse ou de
répit. |
L'écriture chez Bergounioux est parfois un peu laborieuse. |
chap.7 |
Vendredi 15 fevr.1991 p.16 |
Levé avant trois heures du matin. Les congés d'hiver ont commencé.
Je ranime le feu et reprends la plume mais,
faute d'avoir préparé le terrain, clarifié les rapports entre les choses hétéroclites dont je parle,
je ne progresse que d'une page et demie, et si confuse qu'il me faudra, sans doute, la rebuter. Pendant que
je suis occupé à tirer un mot puis un autre du chaos, il fait une tempête de neige. |
Rebuter est un verbe fort de sens. En sculpture au contraire, B. fait le travail opposé : il cherche à utiliser tous les rebuts pour leur redonner vie dans un autre contexte, pour leur redonner sens. |
chap.8 ? |
Samedi 16 févr. 1991 p.17 |
Debout à quatre heures mais ce sera encore une journée de peine inféconde,
de labeur vain.
Quelque chose me dépasse, m'échappe auquel s'attache,
toutefois, un caractère familier qui me fait espérer que demain, peut-être,
j'y verrai plus clair, je saurai à qui, à quoi je suis affronté. Lorsque j'ai posé la plume,
repoussé le papier, fait droit à la brisante lassitude qu'on gagna à tenter de connaître,
je ne suis pas aussi accablé que je m'y attendais, que je devrais l'être, sans doute. J'ai l'ombre d'une
espérance et la certitude que, quelle qu'en soit l'issue, la tâche qui m'occupe est celle qui me revient.
[...] Il me semble effleurer des raisons enfouies, gagner sur les ténèbres primordiales. |
Se remonte le moral, page positive c'est rare chez B. Il faut en profiter ! Déclaration finale capitale,
qui résume tout le projet bergounien.
Oscillation permanente typique chez cet écrivain. |
chap. 8 |
dimanche 17 fev 1991 p.17 (faute d'impression à corriger) |
[...] Je ne sais si c'est l'effet de la clarté du dehors
ou la suite et la compensation du travail ingrat des
deux journées précédentes mais j'avance vite. Deux pages et demie avant qu'il ne soit onze heures. Encore me suis-je
levé dix fois sous autant de prétextes, non pour fuir le labeur mais pour prolonger les instants bénis où il avance régulièrement. |
Pour une fois, c'est rare chez B., on passe de la lenteur à la vitesse. Le livre a fait son
chemin en lui-même et en B., et se dévoile enfin.
B. ne résiste plus. Plaisir avoué d'écrire, rare chez B. pour qui l'écriture n'est jamais évidente. |
chap. 8 |
mardi 19 fevr. 1991 p.17 |
Levé à cinq heures. Débuts difficiles-comme de marcher
dans un marécage à minuit, selon la formule de N.Mailer. Mais
la progression devient plus aisée tandis que la matinée s'avance. |
On sent que " quelque part " "quelque chose" se dérouille. |
Fin du chap.8 début 9 |
Vendredi 1er mars 1991 p.20 |
[...] J'ai bouclé le huitième chapitre et piétinerai une bonne partie de la matinée
au seuil du neuvième.[...reflexion sur Flaubert...]
J'essaie d'expliquer cela jusqu'à cinq heures de l'après-midi que je finis de couvrir la deuxième page. |
On connaît l'importance de Flaubert chez B. |
chap. 9 |
Vendredi 8 mars 1991 p.21 |
[...]Rien, en ces heures perdues, ne vaut plus la peine.
Mourir sera une délivrance.[...]
C'est vendredi. Il s'agit d'écrire. Comme c'est devenu, depuis sept mois, une habitude, la peine,
pour être grande, est presque tolérable.
Au salon de huit heures à quatre heures et demie. Je dépasse les deux pages. J'essaie d'expliquer - de m'expliquer - la posture étrange à laquelle ma prime expérience m'a réduit,.... |
Preuve s'il en est besoin, il y a du masochisme chez B. où la peine est presque tolérable, est n'est pas finalement sans intérêt. |
chap. 9 |
dimanche 10 mars 1991 p.22 |
[...]Je m'installe au salon, allume un feu modeste, de mars, et reprends[...] |
chap.9 |
vendredi 15 mars 1991 p.24 |
Levé à cinq heures. J'écris jusqu'à quatre que j'ai rempli mes deux pages. |
Deux pages dans une journée, c'est beaucoup pour B. C'est une " bonne " journée pour qui tire les mots un à un du chaos. |
fin chap. 9 |
Mercredi 20 mars 1991 p.25 |
[...]À midi, j'ai couvert mes deux pages, bouclé le neuvième chapitre.[...] |
On sent que le livre a pris sa vitese de croisière et qu'il commence à exister pour de bon... |
plan chap.10 et 11 début chap. 10 |
mercredi 20 mars 1991 p.25 |
Le printemps est arrivé hier mais il fait un temps pluvieux et gris.
Je trace le chemin des chapitres dix et onze.
C'est comme de piqueter une friche, inégale, de surcroït, pleine de creux et de bosses, encombrée de fourrés,
d'arbrisseaux hargneux, de pierraille.
C'est là-dedans qu'il faudra dégager l'emprise de la chaussée, ménager les courbes, niveler, damer.[...]
[...]...reste un moment à rêvasser puis couvre la première page du chapitre dix.
J'ai, comme toujours, à me défendre de l'impatience affreuse qui me pousse à conclure au
plus vite, à négliger les soins intermédiaires et brûler les étapes. |
On sent avec B. que la partie est gagnée, et que l'on s'achemine vers la fin. |
chap. 10 |
mercredi 27 mars 1991 p.26 |
Après avoir peiné à couvrir une demi-page, j'abandonne le poste et m'occupe à [...] |
chap.10 |
vendredi 29 mars 1991 p.26 |
Debout à quatre heures. À neuf, j'ai couvert une page et demie. |
N'écrit pas mais... |
Dimanche 7 avril 1991 p.29 |
[...]Je m'accomoderais de ces besognes sans pensée, sans effroi,
de l'épuisement chronique où elles m'entraînent, s'il
ne fallait leur sacrifier le travail de plume auquel je m'adonne dans les intervalles du métier d'enseignant.
Toujours la hâte, les fatigues, le tremblement et je vais sur mes quarante-deux ans ![...] |
B. est né le 25 mai 1949. À cet âge (le mien à deux jours près) je comprends sa hâte. Lecteur, tu verras quand tu auras cet âge... |
N'écrit pas contrarié |
mardi 9 avril 1991 p.29-30 |
(Au moment où il allait se mettre à écrire, est arrêté par une dispute entre son fils et sa mère,
où il se lève finalement administrer une giffle, ce qui chez B. est toujours suivi d'une grande culpabilité destabilisante.) |
La même scène se trouve à plusieurs endroits des Carnets... |
chap. 10 |
Mercredi 10 avril 1991 p.30 |
[...] À midi, j'ai couvert mes deux pages et, par un étrange renversement,
c'est dans la tension extrême, le sphère séparée, peu respirable, de la réflexion que j'ai trouvé le repos,
le contentement qui, partout ailleurs, me fuient. |
Le plaisir (contentement) est rare chez B. Il faut l'apprécier. |
début du chap.11 |
Vendredi 18 avril 1991 p.32 |
[...] L'heure est venue d'entamer le onzième chapitre,
qui sera le dernier. Je crois bien que je vois, enfin, à quelle nécessité
je n'ai cessé un instant d'obéir depuis que je respire. |
Confirmation du choix de sa vie
on apprend qu'il y aura 11 chapitres. La fin est proche... Il peut partir en voyage |
du 21 avril au 30 avril vacances de Pâques comme toujours en Correze |
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chap. 11 |
Mercredi 1er mai 1991 p.36 |
[...] Levé à cinq heures. Je suis reposé. Je reprends où je l'avais laissé - le dix-neuf avril- le récit en cours et travaille jusqu'à midi,
que j'ai couvert cinq demi-pages. |
Reprise facile ! Le livre va t-il se finir presque tout seul sans effort ? |
chap.11 |
jeudi 2 mai 1991 p.37 |
Levé à cinq heures. À midi, j'ai rempli mes deux pages. |
Pas de problèmes ! |
N'écrit pas mais... |
vendredi 3 mai 1991 p.37 |
[...] le récit dans lequel je suis engagé peut attendre. Je sais où je vais. Je suis sur mon chemin.
L'ignorance affreuse, le vide atroce où tant de fois je suis tombé me seront épargnés.
Il n'est que de verser la quantité de peine et de temps requis. |
L'écrivain souffle un peu, rassuré. |
fait une pause, pour répondre à François Bon. |
4, 5, 6 mai 1991 |
sur Flaubert...réponse à lettre de François Bon reçue le 3 mai (p.37) |
Flaubert, toujours Flaubert... |
fin du chap. 11 |
Mercredi 8 mai 1991 p.39 |
À midi, j'ai couvert cinq demi-pages et terminé, par la même occasion, le chapitre onze. |
On croit donc que c'est fini. Non, erreur ...Ce n'est pas connaître Pierre Bergounioux. |
chap. 12 |
Jeudi 9 mai 1991 p.39 |
[...]J'attaque le chapitre douze,
le dernier - les vingt dernières minutes que nous aurons passées ensemble, papa et moi,
dans toute une vie.[...] |
Le problème du père, sujet du livre. Chapitre 12 non prévu. |
chap. 12 |
Vendredi 10 mai 1991 p.40 |
Debout à quatre heures. Je reviens à l'entame du chapitre douze.
La fin est proche maintenant. [essaie de décrire la scène finale avec son père à la gare d'Austerlitz]
[...] C'est ce que je m'efforce de fixer. À midi, j'ai rempli cinq demi-pages. |
chap. 12 |
Dimanche 12 mai 1991 p.42 |
[...]...hésite tant il est tard, à me mettre au travail, me tance férocement d'avoir seulement formé cette
pensée et me retrouve,
comme à l'ordinaire, au salon, la planchette sur les genoux, la plume à la main, à me mettre sous tension, sous
pression, comme un transformateur, une machine à vapeur.
[...] Après déjeuner, je reprends le poste, trace encore quelques lignes et touche soudain à la fin, il est
juste deux heures de l'après-midi.
[...] je glisse dans leur carton les six demi-pages que je viens de remplir tandis qu'il me
menace (son fils est entré ) avec un pistolet. Je lui fais remarquer que s'il me tue, il n'aura
jamais sa canne à pêche. Lui :
" Je t'ai ressuscité." C'est le mot même que je viens de tracer, il y a moins de dix minutes,
à propos de mon père, sans que lui, mon fils, puisse le savoir...[...] |
Fin en coup de théâtre avec cette anecdote. |