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ma vie dans le Perche
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Propos sur la
littérature et la peinture. |
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Vacances à Thiron-Gardais | 25ème jour : le concerto d' Aranjuez |
Nous étions contents de notre Noël.
Nous avions vu le Jardin des délices à Madrid, la collection de l'Escurial, les Gréco de Tolède. On avait en fin d'après-midi fait un détour à Aranjuez, sans doute à cause de la chanson de Richard Anthony, peut-être à cause de Miles Davis (scketches os Spain), mais pas de la version de Chick Coréa puisqu'elle ne sortirait que 3 ans plus tard. Nous étions fin décembre 1968. Il caillait. Il y avait de la neige sur la route et la 2CV conduite par Marceau peinait dans les cols. Mais nous
étions insouciants. Nous passions nos nuits dans des hôtels minables à jouer au tarot et à boire l'infâme cognac espagnol.
Le Palais Royal construit par Philippe II était désert, donc à nous. On se l'est joué. On pourraît même dire, la totale. On n'arrêtait de toute façon, de faire un film, pour ne pas dire notre cinéma. À chacun son scénario. Mais on jouait ensemble. Normal dans une propriété construite pour le loisir. .
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Ballet de trois jeunes qui aimaient le cinéma, qui en faisaient, qui en rêvaient.À l'époque, je ne jurais que par Antonioni et son désert rouge, et Blow up, et par le Resnais de Muriel et de L'année dernière à Marienbad. Cherchez l'erreur : il manque la femme, une femme, trois femmes. On ne parlait que peinture. On ne pensait qu'à l'amour. On l'attendait sous chaque porche. Nous on croyait ne pas en faire. |
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Et sur ce mur, lorsque le soir descend On croirait voir des taches de sang ..." disait la chanson. Que racontent ces photos aujourd'hui ? |
Les taches de sang rappellent l'insurrection d'Aranjuez de mars 1808, contre les Français.
De là naîtra le mot guerilla,
petite guerre, illustrant les attaques surprises des combattants de l'ombre qui ne laissent aucune chance
aux soldats isolés..
Cette épine dans le pied de Napoléon continuera quelques mois plus tard à Madrid en mai, soulèvements sévèrement réprimés par Murat et qui vaudront à Goya deux de ses tableaux les plus réalistes et les plus célèbres : Dos de mayo (appelé aussi La Charge des Mamelouks, mercenaires égyptiens combattants pour les Français,) et Tres de Mayo : Révolte le 2, répression sanglante le 3.
Chateaubriand était passé à Aranjuez, un an plus tôt, en avril 1807, et de retour à Paris avait dénoncé dans un article du Mercure de France le despotisme impérial, ce qui lui avait valu une interdiction de séjour à Paris. Presqu'un siècle plus tôt, Saint-Simon s'était peut-être assis sur ce banc de pierre, en 1722, lors de sa visite à Aranjuez, qu'il raconta par la suite au roi et à la reine. " De Tolède, j'allai à Aranjuez, environ comme de Paris à Meaux. On me fit descendre et loger chez le gouverneur qui était absent, dans un grand et beau corps de logis, tout près du château, à droite en arrivant. C'est le seul endroit des Castilles où il y ait de beaux arbres, et ils y sont en quantité[...] Le château est grand; les appartements en sont vastes et beaux, au-dessus desquels les principaux de la cour sont logés.[...]" (Tome 19, chapitre VIII) Je ne savais rien de tout cela bien sûr quand je fixais, presque 3 siècles plus tard, l'appareil qui me visait. |