Lundi 7 mars 2005 Pour répondre au problème soulevé à propos du saint de l'autre jour
(Saint Guénolé, transsexué chez wanodoo, personnage haut en couleur
que nous avions rencontré à côté du Roi Gradlon dans un tableau d'Evariste Vital Luminais),
il faut revenir à ce livre incroyable appelé Martyrologe, au nom exact de Grand Martyrologe romain
qui je le répète, bien qu'étant un catalogue s'écrit comme horloge et prend toujours une majuscule.
C'est le pape Saint Clément, qui vécut immédiatement après les apôtres,
qui le premier prit l'habitude de recueillir les noms et les actes des martyrs. Rappelons au passage que martyr, (du grec martur= témoin) est celui qui a subi un martyre (grec marturion: témoignage, preuve). Le martyr (sans e) est la victime, le martyre (avec un e) le supplice lui-même. "Le crime a ses héros, l'erreur a ses martyrs" (Voltaire) "Le martyre est une sublimation" (V. Hugo). |
Une martyre étant une femme ayant subi un martyre. Ma lectrice avait raison, Thècle fut la première martyre du christianisme. Jeune et jolie (St Jérôme, st Epiphane, st Grégoire de Nysse, st Ambroise et st Jean Chrysostome ont parlé d'elle en termes enthousiastes) elle n'eut d'histoire d'amour qu'avec son Dieu,(sa mère Théoclie l'avait pourtant fiancée à Thamyris riche et tout et tout...) mais du point de vue épreuves, elle donna tout ce qu'elle put : 1- Dans l'amphithéâtre, le lion qui devait la dévorer, se détourna d'elle et alla chercher les méchants pour les conduire par la peau du cou au pied de saint Paul pour qu'il les baptise, 2- Au moment elle était bien ficelée sur un énorme bûcher, une pluie diluvienne tomba pour l'éteindre, 3- Le monstre marin qui devait la dévorer fut foudroyé ! Mais c'est pas facile de raconter la vie de Thècle (celle dont je viens de parler est la première, celle du 1er siècle), mais des saintes Thècles, on en connaît au moins 5 dont celle de, de Kitzingen...alors pour ne pas confondre les biographies... |
Même si on trouve aujourd'hui une foule de martyrologes
profanes, listes de
tous ceux qui ont souffert,
pour une cause, une passion, un idéal(
Martyrologe spéléologique jurassien,
Le Martyrologe du Bazar de la
Charité), et qu'on doive éviter d'employer le mot martyrologe à propos des victimes d'évènements
tels que catastrophes naturelles, épidémies..., il nous faut revenir au vrai de vrai, au seul et à l'Unique :
le Grand Martyrologe romain. En effet, au XVIè et XVIIè siècles l'Église catholique et romaine a imposé de choisir des prénoms parmi une liste de ses saints. À chaque nouveau-né on devait associer ainsi un saint patron qui lui servirait de modèle mais aussi de protecteur. Et bien sûr il faudrait choisir dans le Martyrologe car, je ne l'ai pas dit, y figure non seulement tous les martyrs mais aussi tous les saints. Et il nous propose donc des dates de fêtes liées aux prénoms autorisés. La date est celle de l'anniversaire de la mort des saints puisque pour l'Eglise, c'est " leur jour de naissance ", jour de leur plus grande joie, celle de la Rencontre. Et bien alors, où est le problème ? |
Et bien c'est que Le Grand Martyrologe romain propose plus de 40.000 noms ! De plus, s'y ajoutent chaque année de nombreuses femmes et hommes béatifiés et canonisés le pape, et tous ceux qu'un observatoire du Vatican spécialisé (Fides) martyrologise, à savoir tout le " personnel ecclésiastique tué de façon violente ou qui a sacrifié sa vie en étant conscient du risque encouru, pour ne pas renoncer à son engagement de témoignage et d'apostolat." . On trouve facilement sur internet la liste officielle de chaque année et c'est démoralisant : on s'aperçoit combien notre monde va très mal, violent, en guerres permanentes, de religion entres autres. Un vrai miroir du monde ! Par exemple si on consulte le martyrologe de 2004, on trouve 15 noms. La lecture en est aussi affligeante qu'un journal télévisé ("... a été assassiné à coups de machette dans son bureau...a été retrouvé le matin du 31 mars dans sa chambre, dans une mare de sang, provenant d’une blessure au cou...a été retrouvé avec 26 blessures sur tout le corps...") Le rapport et l'analyse faits par un cardinal donnent des statiques froides du genre : Lieu du martyr : Amérique : 4 (2 Mexique,1 Guatemala, 1 Chili) Afrique : 6 (1 Uganda, 1 Burundi, 1 Afrique du Sud, 1 Kenya, 1 Tchad, 1 Burkina Faso) Asie : 4 (1 Inde, 3 Pakistan) Europe : 1 (Bosnie Herzégovine). |
Donc, plus de 40.000 noms pour 365 jours annuels, ça fait beaucoup.
Il fallait choisir.
L'Eglise a alors établi un Calendrier romain général appelé aussi Calendrier de l'Eglise universelle ou elle a choisi les noms des saints autorisés, ceux qui auront droit au calendrier ! Les meilleurs des meilleurs ! Le dernier calendrier romain général révisé, réalisé sur la base des orientations de Vatican II, a été promulgué par le pape Paul VI le 14 février 1969, et est entré en vigueur le 1er janvier 1970. Révolution ? Non, grand coup de balai : exit certaines fêtes et certains faux saints, ceux dont la vie tenait surtout de la légende, exit (ont purement et simplement disparu du calendrier) saint Christophe réputé protéger les automobilistes, sainte Barbe si chère au coeur des sapeurs pompiers...Ben mince alors ! Adieu saint Christophe ! Adieu sainte Barbe patronne des pompiers et des mineurs ! |
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Ne restent dedans que : - 180 saints associés à leur journée de fête (répartis en quatre classes par ordre d'importance je vous jure : solemnitas, festum, memoria, ad libitum ) mais imposés pour le monde entier même chez les chrétiens chinois, berbères ou islandais... (il y a universelle dans le titre), - et les dates imposées des grands mystères chrétiens (Pâques, Pentecôte, Assomption, Visitation, etc.). Il reste donc plein de trous (de jours libres non imposés) !. Alors, que deviennent les 40.000 noms du Martyrologe ? C'est la question à 1000 francs : Quelle différence y a-t-il entre une fête inscrite au Martyrologe et une fête figurant sur le Calendrier romain général? Réponse : la différence essentielle tient à ce que la célébration des fêtes inscrites au seul Martyrologe n'est pas une obligation pour le clergé. Le tour est joué : Les jours non déterminés et non imposés, sont laissés libres pour les adaptations locales, mais bien sûr décidées, par les grandes autorités écclésiastiques locales...autorisées... Ainsi pour la France, elles choisissent pour le 3 janvier, sainte Geneviève qui veille sur la ville de Paris en compagnie de Saint Louis ( Ah ce parisianisme toujours !, ça doit être JML le cardinal de Paris qu'a choisi !), Saint Yves le 19 mai, etc. Comme ça chaque pays peut avoir l'impression et la satisfaction de se faire son petit calendrier à lui et caser ses fêtes plus ou moins païennes et pleines de grigris...) Le calendrier français est appelé Missel des dimanches, (7,6 euros). Celui de 2005 commande l'année liturgique du 28 novembre 2004 au 26 novembre 2005. |
Je me suis laissé déborder et emporter une fois de plus. Je voulais comprendre moi aussi, suite au mail
de ma lectrice de l'autre jour, pourquoi, selon qu'on regarde le journal local,
Wanadoo, son missel ou le calendrier des postes, ou n'importe quoi d'autre,
on ne trouve pas forcément le même saint pour le même jour.
Je crois que maintenant j'ai compris et en quoi ce n'est pas si simple que cela.
Mais le plus drôle, c'est qu'en me documentant sur le Martyrologe, j'ai trouvé des "choses" étonnantes, et que c'est d'elles que je voulais vous parler en commençant cette page...ce que je n'ai pas fait. Ce n'est que partie remise bien sûr. À demain peut-être ? |