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Le plus beau des voyages, un plan d'enfer ! ou : comment représenter l'Enfer de Dante? ou : à chacun ses cercles...
Depuis deux mois, suite à une discussion de début d'après-midi, avec Anne à Saint-Malo, qui me mit plus que l'eau à la bouche, je me suis mis à lire,
découvrir, explorer, découvrir, ce monument qu'est la Divine Comédie de Dante, que je connaissais de titre et de renommée comme tout le monde, mais que
je n'avais jamais lu en entier ni sérieusement.
Si vous voulez perdre un homme, c'est le genre d'œuvre qu'il faut lui offrir. Au milieu du chemin de notre vie .
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....................................................................(Enfer, Chant I, vers 1-3)je me retrouvai par une forêt obscure car la voie droite était perdue. "Vous qui entrez laissez toute espérance" ( Enfer, Chant III, vers 9.)
J'étais prévenu mais c'est ce que j'ai fait quand même. Je suis entré et... maintenant je suis perdu.Depuis ce jour La Divine Comédie agit sur moi comme une drogue, une obsession, pas une journée sans en lire une strophe, sans voir dans mon quotidien une référence, une correspondance, à chercher une nouvelle version ou interprétation, à vouloir comparer les illustrations célèbres, comme les 92 gravures de Botticelli, les 136 de Gustave Doré ou les 101 aquarelles de Salvador Dali (peintes en 1960 et 1961), sans parler des 300 dessins de Miquel Barcelo exécutés entre 2000 à 2002, sans parler de William Blake, dont la mort a interrompu ses illustrations. Sale coup aussi pour mes finances, mais cela n'en parlons pas, ce n'est pas nouveau, je suis né du mauvais côté, et je n'ai jamais eu et n'aurai jamais assez d'argent, je suis habitué à cette frustration là et elle n'est pas tragique. Elle n'est que le premier cercle de mon enfer, pas le pire, tout juste le premier constitué selon Dante par les Limbes, où séjournent, en bordure de l'Enfer, les âmes des justes ayant vécu avant la venue du Christ, ou celles des enfants morts avant d'être baptisés (ça me plaît d'être là, avec tous ceux dont ce n'est pas la faute d'être en enfer, et qui finalement n'en sont pas responsables, comme d'ailleurs Virgile le guide de Dante, mort en 19 avant J.C., et qui n'a donc pas pu connaître le christianisme !)
Mais mon problème qui m'agite et m'enchante tellement il m'excite, ne vient pas de là. Il vient de mon habitude de lire les livres qui m'intéressent accompagné d'un papier et d'un crayon et de prendre des notes, noter les personnages, essayer de les relier, de dresser leur arbre généalogique... Et là, il faut dire que la structure de l'enfer, du purgatoire et du paradis, imaginée par Dante est quelque peu trapue ! Moi qui adore tenir des journaux de voyage avec le maximum de documents et de traces, là, j'avoue que je suis battu ! Difficile de s'imaginer dans la tête la géographie du voyage, les endroits visités, de dresser une carte ou un plan des endroits traversés ! C'est que la Divine Comédie est une véritable exploration de drôles de continents et une aventure qui devrait encourager Nicolas Hulot et Arthus-Bertrand à laisser tomber leur hélicoptère et prendre leur retraite ! J'ai bien essayé mais j'ai capitulé. Et oh bonheur, après quelques recherches, j'ai découvert qu'il y en avait d'autres qui avaient essayé avant moi et qui avaient été jusqu'au bout ! Alors quel plaisir (encore) de vous montrer le résultat de leurs efforts !
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Bon d'accord, au début on est perdu et le cosmos est vraiment dantesque ! (Tiens, c'est peut-être pas par hasard cet adjectif alors, ni
tous ses synonymes, qui comportent aussi bien effrayant que
formidable ! (bravo le mot non ?))Le cosmos réunit l'enfer, le purgatoire le paradis et faut placer dedans la Terre. (Au centre de tous les dessins ci-dessus même dans sa version anthropomorphique). Il faut donc peut-être commencer par la Terre et savoir comment Dante arrive à y placer à l'intérieur l'enfer, dans un cône, et le purgatoire à la périphérie, le paradis étant bien sûr dans les hautes sphères... En 1465 Domenico di Michelino lui ne s'est pas trop emmerdé en montrant Dante présentant sa Divine Comédie.
Merci à tous ceux qui ont essayé de m'éclairer de la topographie de ce cône infernal, m'aidant à suivre Dante et Virgile dans leur sympathique balade ! Mais bon, ça ne ressemble pas à mon dessin inachevé... .
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Et je ne vous montre pas les détails !
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Je ne peux ignorer et passer sous silence le seul boulot fini de Botticelli (c'était une commande à la fin des années 1400 de Pier Francisco de Medicis,
cousin de Laurent le magnifique)
et qui représente l'Enfer dans sa totalité :
Car ce parchemin de 32 cm sur 47, qui en soi ne paie pas de mine, tout y est si on regarde de près : .
ET pour que mes lecteurs soient rassurés ou effrayés, c'est aussi compliqué pour le Purgatoire.
Je ne parlerai pas de la structure du paradis, puisque même si je fus enfant de chœur à Bérou la Mulotière, je n'y ai jamais cru et ai toujours pensé
qu'il n'avait aucun sens ni intérêt.
Le Paradis fut pour moi dès le départ une invention ou un concept forcément chiants et pénibles à envisager. Quelques éclairs de bonheur, éclats d'amour ou étincelles de bien être, m'ont toujours suffi à supporter le grand rien... Le paradis doit être sur terre ou ne pas être, point à la ligne. Mais je n'étais pas dans ma recherche et mon échec au bout de mes surprises. J'ai découvert encore plus fou que moi, ce qui m'a bien sûr rassuré et enthousiasmé. J'adore les surprises. (à suivre) |