J'ai retrouvé mes photos d'Anticosti dans celles de l'incendie du Hilton...
ou : comment mettre en image la page d'hier...
Pendant L'incendie du Hilton, qui n'a pas brûlé rassurez-vous, François Bon, comme les autres écrivains
venus à ce salon du livre,
doit sortir et attendre dans une patinoire où il fait froid, ce qui fait qu'il préfère aller se réchauffer au Tim Hortons,
le café bar de la gare centrale (célèbre comme tous les autres de la même chaîne, pour son café pourri mais ses bons beignets, beignes, donuts et
autres patissucreries noraméricaines...) et en profiter pour acheter des cafés. Tout le monde traîne comme il peut,
où il peut et s'occupe du spectacle de ses pensées...
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C'est alors que " j'avais aperçu, au bout de la rangée de tabourets, les deux frères Rolin " et qu'il les rejoint.
Ils lui disent qu'ils étaient venus séparemment, l'un par avion, et l'autre simplement parce qu'il était dans les parages (il devait se balader dans l'estuaire
pour un projet de livre, j'imagine) et avait pris l'autocar pour venuer saluer et rejoindre son frère, j'imagine encore.
Ils racontent à François Bon qu'ils étaient encore au lounge de l'hôtel quand le première odeur des premières fumées est apparue, et qu'ils
avaient été les premiers à alerter le personnel.
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D'après leurs dires, (mais qu'avaient-ils bu au lounge auparavant puisqu'ils en étaient les derniers consommateurs...? Il devait être une heure du matin bien sonnée,
et c'était sans doute encore l'heure d'un petit dernier...),c'étaient les premiers à avoir tout vu et entendu,
entre autre le signal transmis aux chambres (on n'avait pas besoin d'y être pour l'entendre).
Comme note François Bon, quand il y en a un qui a dit "" pour une fois qu'il se passait quelque chose d'intéressant " "(p.121) :
dans l'encombrement
du Tim Hortons, " il était difficile de savoir lequel de Jean ou d'Olivier avait parlé, cette façon blasée - du moins pour les choses de cette
fraction du
monde -
leur appartenait en commun."
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Les frères Rolin, Olivier et Jean, écrivent des livres,
qui ont du succès, des prix et sont bien internétisés. Ce sont deux bons écrivains français contemporains, parfaitement inclus dans le système, et on peut dire que ça roule pour
les Rolin.
Je renvoie les fans à ce qu'en dit François Bon de la page 120 à 129. C'est intéressant et cela ne manque pas d'humour. C'est normal, les histoires de frères m'ont
toujours étonné (Olivier s'appelle en fait Olivier Jean, et Jean s'appelle Jean Philipe) et j'adore les Dupond Dupont (ce qui n'a aucun rapport puisque les Rolin ne sont pas jumeaux).
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Seulement voilà, je dresse les oreilles avec François Bon, quand il y en a un (c'est Jean) qui parle de l'île d'Anticosti dont il revient et sur laquelle
il doit envoyer un article au magazine qui finançait son voyage.
En parler c'est éxagéré puisqu'il semble avare de commentaires (" Anticosti : tout ce qu'il m'en disait, c'est qu'on y mangeait plutôt mal")(p.124)
.
Visiblement ce nom fait rêver François Bon , puisque dans les carnets on retrouve plus tard (pour le lecteur) une note anticostienne : " Avoir trouvé sur un tout petit stand une
collection
intitulée : Imaginaire Nord. Avoir acheté le récit
d'un naufrage au XVIIè siècle sur Anticosti : je ne connaissais même pas encore le nom Anticosti. Seul livre que j'aurai acheté dans ces trois jours de
salon. " (p.154)
Il s'agit sans doute des Lettres du père Crespel et son naufrage à Anticosti en 1736
et qui semble alléchant en effet.
Moi non plus je n'avais jamais entendu parler d'Anticosti et me demandais bien où était située cette île !
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Dès fini l'Incendie du Hilton (le livre, pas l'incendie puisqu'il qui n'a pas eu lieu vous l'avez compris), je n'ai pu m'empêcher d' aller la voir
et de faire mon petit Rolin bien sûr.
Voici donc en exclusivité les premières notes prises de mon article pour le magazine eurélien qui me paie rien pour que je reste à Thiron-Gardais.
Une île de rêve est près de chez vous, là dans le golfe en face l'embouchure de votre fleuve quotidien.
Grande comme la Corse, ça doit bien faire le quart de la Belgique, elle fut découverte par Jacques Cartier
mais un des premiers blancs à y habiter fut Louis Jolliet à qui Louis XIV l'avait offerte en 1680 en récompense de ses talents d'explorateur
du Mississipi et de la région des Grands lacs(et non pas pour ses talents d'organiste et de claveciniste qu'il avait perfectionnés lors de son
séjour en France à Paris et à La Rochelle).
De toute façon, peu de gens y ont jamais habité et ce fut toujours assez chocolat pour y attirer des habitants et la développer,
puisque même aujourd'hui on n'y trouve pas plus de de 300 habitants.
N'empêche que la vedette locale fut sans hésitation le richissime Henri Menier qui l'acheta 125.000 dollars en 1895 pour y passer une grande partie de son temps
et de son argent dans ses loisirs
favoris à savoir y faire du bateau (on dit yachting) chasser et pêcher.
Car il en avait du chocolat(de Dantzig) le Henri !
Car il n'était autre que le fils d'Emile Justin Menier
et le petits-fils d'Antoine Brutus (Menier), fondateur de la chocolaterie Menier bien sûr.
N'empêche qu'il va y dépenser beaucoup d'argent : il importe 220 cerfs de Virginie, il fait construire le village de Baie sainte-Claire (du prénom de sa mère),
puis le fait déménager à 20 kilomètres pour faire Port Menier et
l'aménager en port de pêche, chemin de fer, homarderies, fermes, luxueux manoir de style scandinave (où le marbre des cheminées côtoie des tapisseries des
Gobelins! ce qui ne l'empêchera pas d'être incendié volontairement en 1953 par la Consolidated Barthurst !).
Cette île, la plus grande jamais possédée par un particulier, sera pourtant revendue
(en 1926) pas longtemps après la mort d'Henri (1913) par son héritier
de frère Gaston qui ne la trouvait pas rentable à son goût (il la revendit quand même 6 millions de dollars à la compagnie papetière Wayagamack
Pulp and Paper ! Pas mal la plue-value, non ?)
Faut dire qu'elle est belle avec ses forêts, ses cours d'eau ses gorges et ses chutes .
Faut dire que c'est un paradis pour les amateurs de fossiles, d'oiseaux (liste des 220
espèces anticostiennes) et de plantes rares, les grands marcheurs, les chasseurs (car s'il n'y a que 280 habitants, il y a 160.000 cerfs. On ne se rend
pas compte, mais ça en fait environ 20 au km2 !)
et les habituels pêcheurs à la ligne (ah ! l'omble de fontaine, le saumon de l'Atlantique et l'anguille d'Amérique qui remontent les rivières), et
qui vont profiter de leurs passions dans des lieux à noms
qui font rêver : Chicotte-la-Mer, Jupiter (la plus belle rivière à saumons),
le cap de la Vache-qui-pisse, la grotte à la Patate, la rivière à l'Huile, la baie de la Tour (et ses colosses), la chute Vauréal, la baie
du Renard, la pointe des morts, l'anse aux fraises...
Aujourd'hui l'île est toujours mystérieuse et se divise en un parc National, deux réserves écologiques, une zone gérée par
la Sepaq et quelques pourvoieries (zones privées). Le premier conseil municipal
s'y est déroulé en janvier 1984 seulement.
Cette île fait rêver mais il faut la mériter. Il y fait en moyenne 14,79 °C en juillet
(le mois le plus chaud)
et -11°C en février, (le mois le plus froid), et on ne peut y accéder que par bateau cargo ou par avion
(à prévoir bien à l'avance).
Pour tous ceux qui ne supportent plus le monde, le bruit, la pollution, l'espèce humaine, les embouteillages, la publicité, ceux qui veulent oublier
une peine, un chagrin d'amour, ceux qui aiment les phoques, ceux qui aiment regarder passer les baleines, ceux qui aiment lire en paix,
ceux qui veulent observer la reproduction du pygarde (aigle à tête blanche), ceux qui adorent les roches ordoviciennes et siluriennes,
ceux qui adorent les épaves et les phares, ceux qui n'aiment pas le macadam (toutes les routes y sont en gravier),
la plongée sous-marine ou la méditation, ceux qui veulent faire une surprise à leur chéri(e), ceux qui veulent faire des photos de nature ou d'animaux, ceux qui veulent rencontrer François Bon : ANTICOSTI EST POUR VOUS !
Et si vous n'avez pas le moyens, Faites comme Jean Rolin : demandez à votre journal local de vous y envoyer !
Il n'y a que les amoureux des chiens qui seront déçus (les chiens y sont interdits), les fous du téléphone portable (il ne fonctionne presque nulle part), et
ceux qui ne supportent pas les chasseurs (en saison de chasse il est inconscient de ne pas circuler hors des routes principales, à moins d'en avoir informé quelqu'un et de porter un dossard !)...et les mamans qui ont un jeune bébé
(à moins d'apporter leurs vêtements d'allaitement
spécialisés !)
En attendant vous pouvez toujours rêver d'Anticosti en lisant l'Incendie du Hilton !
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