Mercredi 15 juin 2005 Hier Avant hier
Du feu, du feu Monsieur le marquis !
Les anciens propriétaires avaient planté une haie autour de la maison pour l'isoler du vent. Mais année après année elle s'est transformé en mur retenant et la lumière et l'eau. J'ai donc décidé de l'enlever mais quel travail !

Première étape commencée samedi : couper "le gros",
aujourd'hui deuxième étape brûler "le gros",
fin de la semaine, arrachage des souches avec un tracteur spécialisé.
C'est un travail de romain.
Claude R. a l'air calme, habitué à ce genre de choses... cela me rassure, d'autant plus que la maison me semble maintenant plus grande, ouverte sur la campagne et combien lumineuse.
Cela fait je ne sais combien d'années je n'avais pas fait de feu, un vrai feu, dehors.
J'ai toujours aimé faire du feu dehors ou dans une cheminée et je réalise combien en vieillissant il y a de choses qu'on ne fait plus.
Je pense tout suite par exemple que cela fait des années aussi que je n'ai plus passé une nuit à dormir dehors, dans la campagne, dans un duvet, le nez dans les étoiles, hypnotisé par la voûte céleste...Et pourtant que j'aimais cela !

En regardant ce feu, et en aidant le maçon à l'alimenter, je cherchais à mettre des dates, à retrouver des lieux, à me souvenir de dernières fois... Depuis combien d'années ne m'étais-je pas baigné dans une rivière, un lac ou un étang, en pleine nature ?

Café avec Claude R. à Thirons-Gardais, puis retour à Nogent où j'ai rendez-vous avec Joëlle C.

Non, ce n'est pas Louis XIV.
C'est un drôle de beauceron, "Gentilhomme de Beauce et de pays chartrain" (il ne reste du château de famille qu'un pigeonnier, à l'entrée du village, quand on vient de Bonneval) qui s'est mis à dos et à perpétuité, il faut le faire, deux ennemis de marque, chose qui n'est pas commune : à la fois Saint-Simon et Voltaire !

Voltaire le traite de " vieux valet de chambre imbécile...", " frotteur de la maison qui se glisse derrière les laquais pour entendre ce qu"on dit à table...".
Saint-Simon le déteste : ..." espèce de personnage en détrempe. C'était un esprit en dessous du médiocre, très-futile, très-incapable en tout genre, prenant volontiers l'ombre pour le corps, qui ne se repaissait que de vent et qui s'en contentait parfaitement..."
En regardant son portrait fait par Rigaud, ça ne paraît pas évident !
On se demande bien ce qu'a pu faire cet eurélien pour mériter une telle hargne .
Je vous le donne en mille : écrire son journal.
Mais quel journal ! autre chose que de faire un blog. Une page chaque jour, du 1er avril 1684 au 16 août 1720, 20 jours avant sa mort.
Même Saint-Simon est impressionné : " Il est difficile à comprendre comment un homme a eu la patience et la persévérance d'écrire un tel ouvrage tous les jours pendant plus de cinquante ans." (sous-entendu sans doute, on connait Monsieur le duc, un tel ouvrage de m...)
Qui c'est qui c'est ?
Vous brûlez, j'en suis sûr.
C'est le marquis de ... juste à 28 Km de ce feu...

S'enfoncer dans la boue des berges, puis s'allonger sur l'eau et se laisser aller dans le courant purificateur...