2004 | JOURNAL DE JEAN CLAUDE BOURDAIS The Nogent le Rotrou Times ou Bourdaily on the Web |
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Mardi 27 et mercredi 28 septembre 2005 | Hier | Avant hier |
À la recherche des Femmes d'Alger dans leur appartement...(Delacroix 4.) Pendant son voyage Delacroix est allé au Maroc, mais aussi en Espagne. Ce n'est que juste à la fin, au retour, qu'il s'est arrêté en Algérie. Après Tanger, Mekhnès, Séville, Cadix... une simple escale, du 25 juin au 28 juin 1832, mais déterminante. En effet, par un heureux concours de circonstances, il peut pénétrer dans un lieu " interdit ", celui d'un harem, (tentative échouées au Maroc). Comme à son habitude, il " croque " tout, y compris son arrivée dans la rade d'Alger. |
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Il n'y restera que deux à trois heures, à observer les femmes et à faire quelques dessins ou aquarelles. C'est à partir de ces notes et ces "traces", qu'il il proposera deux ans plus tard le célèbre tableau au salon de 1834. |
C'est important de se mettre en situation: Juste à la fin de son séjour il peut entrer dans un harem, certes et enfin peut-on dire, cet univers des femmes étant réservé aux proches de la famille, mais dans quel état ! Il y entre plein de ces derniers mois et complètement déstabilisé pour ne pas dire bouleversé. Tous les écrits sont formels y compris les siens. Voyage/expérience quasiment traumatisants : renouvellement de ses sources d'inspiration, renforcement de son intérêt pour les phénomènes lumineux et les recherches de coloris...Il écrit : "Dans ce peu de temps, j'ai vécu vingt fois plus qu'en quelques mois de Paris." Delacroix a découvert non seulement la magie orientale dont il a tant rêvé, mais aussi la pureté de la lumière, les teintes exquises des décors et des costumes ; il a vu aussi la raison profonde de tout cela, la beauté de la civilisation islamique, son humanité. Au loin le bric-à-brac exotique ! Son imagination et sa sensibilité se sont emballées. Il " n'en reviendra pas ". Jusqu'à l'année de sa mort il utilisera ses carnets. " Le sublime vivant court ici les rues", écrit-il. Il a tout noté : les détails des architectures et des décors, les attitudes nobles et hiératiques des êtres, les couleurs, les ombres, les attitudes, les gestes, le quotidien, les cérémonies (la noce juive...). Ses lettres et ses carnets en témoignent. |
Par exemple sur l'aquarelle faite à Alger marquée Mouney ben Sultane (Assia Djebar l'appelle Mouni), on voit de près pas moins de quatorze annotations ou précisions de couleurs, sans compter le nom de la jeune femme, indiqué en bas. " la vision, complètement nouvelle, a été perçue image pure. Et comme si cet éclat trop neuf devait en brouiller la réalité, Delacroix se force à noter sur ses croquis chaque nom et prénom de femme. Aquarelles armoriées aux noms de Bayah, Mouni et Zora ben Sultane, Zora et Kadoudja Tarboridji. Corps crayonnés sortant de l'anonymat de l'exotisme. " ( Femmes d'Alger... Assia Djebar, Livre de poche P 239-240) |
La visite du harem est un choc : " Lorsque après avoir traversé quelque corridor obscur, on pénètre dans la partie qui leur est réservée, l'oeil est vraiment ébloui par la vive lumière, par les frais visages des femmes et des enfants, apparaissant tout à coup, au milieu de cet amas de soie et d'or. Il y a là, pour un peintre, un moment de fascination et d'étrange bonheur." |
Alors ce tableau ? De la peinture, plein de peinture, des couleurs et des formes... sur 2m29 de long et 1m 80 de hauteur mon cher. Ça fait, quand on est devant, un choc, je vous le dis ! Comme à un mètre d'un Rothko : on est dans un champ, celui de la peinture. Le paysan que je suis s'y sent bien. |
- Mais dis donc, y'a pas de femmes dans ce tableau ? - Des femmes ? - Oui, des femmes d'Alger, dans leur appartement... |