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20 jours en février
Tout va bien, mais dans un monde qui bascule. Je ne peux pas dire qu'il ne se passe rien dans ma vie ni dans le monde, mais tout passe et il n'en reste rien, qu'un drôle de goût fade. Que mes amis se rassurent. Je ne déprime pas, je suis sans doute fatigué et ai du mal à me distraire, c'est tout. Il a fait vraiment froid ici, certaines nuits descendant en dessous de -10°, il y a eu beaucoup de neige et elle est restée longtemps. C'était beau et heureusement le chasse-neige est passé cette année jusque dans ma cour dès le premier matin. J'ai eu beaucoup d'oiseaux à regarder à travers la fenêtre. Ils marchaient aussi sur la glace de l'étang de Sainte-Anne. Les plus rusés : les canards, se blottissant par vingtaine et arrivant à faire fondre la glace et se faire une petite mare. Temps idéal bien sûr pour rester enfermé pour lire le tome 3 des carnets de Pierre Bergounioux, toujours identique à lui-même, continuant imperturbablement son travail, et qui suscitera toujours les mêmes commentaires. Je continue de penser que ses carnets de notes sont à part du reste de son oeuvre, tout en en constituant la colonne vertébrale.
Ai passé beaucoup de jours à écrire un texte sur l'histoire de l'abbaye de Thiron-Gardais. C'est long, compliqué mais intéressant.
Il y a eu dans ma vie pendant ces vingt jours, des animaux, des paysages, des gens, des repas, des amis, mais aussi de longs moments de solitude où il n'y eut rien de spécial sinon la répétition banale de choses déjà mille fois vécues. Tout ce qui m'arrive est ma vie. Quelques photos prises me rappellent simplement que je n'ai rien inventé et que mon temps passe. ...
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Souvent du mal à être là . L'impression de ne plus être accroché à ce monde dans lequel je ne me sens non pas étranger, mais spectateur, comme si les dés étaient joués pour moi, comme si j'y avais fait mon temps. Et pourtant je suis encore bien vivant puisque je n'y suis pas insensible et qu'il me provoque sensations, pensées agréables ou non, révoltes ou sentiments d'injustice...et qu'il y a encore deux ou trois choses, disons des projets, qui me tiennent encore à coeur. J'ai aimé les bons moments pendant ces vingt jours : la visite de Rodolphe, ma virée à Paris avec Léa et Charlotte, (on a vu Bovines, un film étonnnant et original sur les vaches).
Léa, en classe de 1ère S, m'a dit dans la voiture qu'elle en avait étudié un texte avec sa prof de français, tiré du Théâtre et son Double. J'ai continué ma correspondance par mails ou cartes postales (que j'aime encore et encore envoyer), me suis bien amusé, parfois énervé, devant le cirque médiatique pour The artist (pas vu, ni Intouchables d'ailleurs), et bien sûr devant l'autre cirque, le grand, l'électoral ! Repère : Le Clézio, dernier prix Nobel de littérature français, n'a pas eu le millième de cette couverture médiatique en France. Cela montre combien bas est descendue la France.
Je n'ai pas dit tout ce que j'ai oublié, tout ce qui ne peut s'écrire sans y travailler, et il me reste encore plein de photos que je n'ai pas utilisées. |