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Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
mercredi 1er décembre 2004.
Ai reçu Chronique d'une avant-guerre offert par Aude Picard Wolff, rencontrée grâce au réseau et au journal où je citais Senonches, petite ville qui visiblement lui est chère , mais surtout m'écrit-elle dans un mail, La Ville aux Nonains, que j'avais cités le 1er novembre, quand j'étais allé voir la tombe de mon grand-père maternel Narcisse Leroy, sur lequel je me renseigne depuis un certain temps, désireux de savoir comment un paysan du coin a pu se retrouver "instructeur à Salonique" en 1916.
Je le lis d'une traîte en mangeant un sandwich au café du coin. Il s'agit d'une chronique écrite, du mercredi 5 février au jeudi 20 mars. Chaque journée donne un court texte qui se termine la plupart du temps par " écrit assise sur lit ", "assise dans le lit ", " assise à mon bureau ", "assise sur le canapé", assise une fois " dans la voiture ". Textes quotidiens courts où sont entremêlées et notées avec la même précision glacée, les tâches domestiques et maternelles et les nouvelles de la guerre en Irak qui se prépare, telles qu'on les entend à la radio ou dans le journal local, et qui nous arrivent distillées tout au long de la journée, lors de ces fameux "flashes" d'information. C'est chaque texte qui devient "flash" éblouissant . C'est précis, net, glacial, cela fait froid dans le dos. L'émotion est rentrée, contenue dans le texte mais non dite. Aucun adjectif, aucun commentaire ni jugement. Tout est rentré dans le texte et ne peut-être libéré que par le lecteur.

La guerre au quotidien, vue notée par une femme (difficile d'imaginer qu'il ne s'agit pas de celle qui publie) quelque part en Isère (si on lit les quelques indications données en 4ème de couverture) pendant qu'elle répète chaque jour les mêmes gestes pour s'occuper des enfants. L'idée est bonne, l'écriture incisive et efficace. Pour reprendre le vocabulaire de cette guerre, ce livre est une suite de "frappes" non pas aériennes ou chirurgicales mais qui vous atteignent là où vous êtes, en plein coeur de votre quotidien, pour moi donc dans ce café de Nogent Le Rotrou aujourd'hui. Le décallage entre les gestes, le quotidien et les nouvelles entendues de la guerre donne à ressentir et à réfléchir. C'est publié aux Editions Le Mot et le reste, 35, Traverse de Carthage 13008 Marseille. En ce qui concerne ce livre, on se saurait mieux dire. Il y a des mots certes, mais surtout le reste.


Après-midi à La Loupe chez l'imprimeur pour Byzance, retour à Nogent dans la grisaille pour préparer les cours de demain.
Et puis, autre grande émotion, 2046 de Wong Kar-Wai, qui est programmé au cinéma de Nogent pour une semaine. J'y compte 14 personnes, Edouard Martine et moi compris. C'est sa première séance nogentaise.
" Hong Kong, 1966. Dans sa petite chambre d'hôtel, Chow Mo Wan, écrivain en mal d'inspiration, tente de finir un livre de science-fiction situé en 2046. A travers l'écriture...".
Je ne comprends pas ce que j'ai lu dessus et qui semblait d'une certaine froideur. C'est beau, c'est fort, c'est du cinéma comme je l'aime.
J'en suis remué, ému, songeur, colonisé par certaines images et phrases qui résonnent et résonnent. Touché !
J'ai envie d'aller me coucher tôt, rêver d'une " androïde à émotions différées " qui " quand elles veulent pleurer, les larmes ne viennent que le lendemain".
Oui je sais, dans le film le conseil est donné : " Il ne faut jamais tomber amoureux d'une androïde ".
L'écrivain et tout ce(ux) qui le peuple(nt)...