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février 2005
mardi 7 décembre 2004.
Au lever je reçois un mail de Nicolas Kurtovitch, mon ami et écrivain de Nouvelle-Calédonie :

" Kevin Coyne est mort.
Ce musicien m’a accompagné depuis plus de trente ans, un mec d’une grande simplicité, une grande authenticité et un jeu de guitare acoustique tout à fait original.
Nicole et moi nous l’avons vu deux fois lorsque nous étions étudiants. Une fois au Bus palladium à Paris et une autre fois à Aix en Provence lorsqu’elle était enceinte de Jonathan.
Depuis deux ans nous nous écrivions de temps en temps et je lui commandais directement ses disques.
Assez connu durant les années soixante dix, il avait été pressenti pour remplacer Jim Morisson mais après quelques essais il avait refusé, refusant le système Doors qui était en train de se mettre en place. Son guitariste pendant un temps était Andy Summers qui allez le quitter pour fonder Police.
Son clavier : Zoot Money, vraiment super.
Ensuite il a fait un disque avec Robert Wyatt.
Depuis 15 ans il vivait et travaillait en Allemagne notamment avec son fils un vraiment bon musicien multi instrumentiste.
Pauvre Kevin il n'a pas eu la notoriété que son talent et son engagement artistique le méritait. C'était aussi un peintre remarquable.
Dans un courrier je lui avais proposé de venir chez nous à Nouméa. Il m'avait répondu que s'il avait assez de temps il viendrait avec Hemi, sa femme. J'étais certain que ça serait bon pour sa santé mais il n'a jamais trouvé le temps.
Lors du concert de Aix, la salle était petite mais bondée. Un jeune " des quartiers" est monté sur scène et a commencé à toucher la batterie pendant le concert, Kevin s'est approché de lui il lui a passé la main dans les cheveux, le gosse s'est assis au pied de la batterie et il n'a plus quitté Kévin des yeux pendant une heure et demi.
Ca, ça m'est toujours resté, et davantage, je crois que ça m'a guidé dans certains contacts au début de mon boulot à Lifou.
Kevin Coyne a travaillé dans des hôpitaux psychiatriques au début de sa carrière et beaucoup de ses chansons parlent de ses personnes rencontrées à ce moment-là et son contact avec ce jeune vient certainement de ce vécu. Sa voix pénètrait le corps autant que l'âme.
J'ai de la peine et Nicole a qui j'ai appris la nouvelle par téléphone (elle est en ce moment à Poya) tout autant que moi.
Voilà je suis triste et comme abandonné, ou bizarrement comme si moi je l’abandonnais plutôt.
A bientôt, Nicolas."

Je lui envoie aussitôt, décallages horaire et géographique qui mettent ce pays hors du temps et du présent, les articles de Libération et du Monde et quelques liens dont un site complet où l'on peut trouver tout, comme savent en faire les amoureux et passionnés par leur idole, et où sont archivés tout ce qui existe à leur propos.
Sur la photo du haut, prise lors de son dernier concert le 29 octobre 2004 sur le lieu de ses anciens exploits, au 100 Club à Londres, on peut voir son alimentation en oxygène qui lui arrive par un tube et qui lui est accroché sous les narines.
J'y suis bien sûr sensible, ayant été " appareillé" moi-même pendant des années, SAS oblige.(Syndrôme d'Apnée du Sommeil, diagnostiqué par mon ami F.Milvoy)

Aujourd'hui je fais grève.
Plus fort que moi, résister encore et encore, ne pas céder au " cela ne sert à rien", continuer de dire "non", ne pas céder à la tentation de ne pas perdre une journée de salaire, que l'argent décide encore, rester vivant à mes yeux, ne pas capituler, ne pas chercher toutes les bonnes raisons de ne pas faire grève...
Quel bonheur aussi de ne pas aller au travail alors qu'on aurait du y aller, se sentir libre.

J'en profite pour faire du courrier, me mettre à jour dans mes corrections de copies et mes cours, aller voir ma mère à Verneuil sur Avre, prendre des photos des villages qui rivalisent d'illuminations.
Bretoncelles et Verneuil font fort. Je ne désespère pas de trouver encore plus...


J'écoute dans la voiture les CD 1 et 2 des conférences de Michel Onfray de sa contre-histoire de la philosophie. Toujours aussi clair, brillant, metteur en appétit.

Je repasse dire au bar du Poséidon qu'ils ont fait une faute d'orthographe : il n'y a pas de i tréma à Poséidon.

le patron m'explique qu'ils ont racheté ce bar récemment et qu'il s'appelait avant " le saxo", mais que sa femme étant grecque, c'est elle qui avait choisi ce nouveau nom.
Elle semble étonnée et pas très contente de ma remarque. je lui dis que je lui amènerai des textes sur Poséidon parce qu'elle ne semble pas le connaître particulièrement. Cela me vaut une récompense : un sourire ...

Décallage horaire encore, et à mon avantage, je peux lire le journal de Patrick Rebollar et écoute donc sur ses conseils le masque et la Plume de dimanche soir. Merci je me marre bien en effet.

Au moment où j'allais me coucher, Nicolas Kurtovitch réagit aux articles du Monde et de libé envoyés ce matin, suite à son mail et à la mort de Kevin Coyne .
Je ne peux m'empêcher de penser qu'avant internet, cet échange avec la Nouvelle-Calédonie aurait demandé au minimum 15 jours.
" Je n’avais pas lu ces articles. Mais je ne suis pas d’accord avec la conclusion de Libé à propos des ses derniers albums. Celui qui précède « Donut City », « Carnival » est formidable.
L’article du Monde est mieux, pour moi qui ai tous ces albums y compris ceux de son premier groupe Siren et quelques pirates enregistrements de concert, ils lui rendent hommage avec fidélité sans pour autant aller très loin mais je suppose que le journaliste n’avait pas droit à trop de lignes.
Il ne se passe pas un mois sans que j’apprenne la mort d’un compagnon de mes années soixante dix, il y a quelque temps c’était Noël Reeding, bassiste de l’Expérience"
.

François Bon a raison :
"Je crois qu'on a collectivement, ma génération ou celles qui suivent, la nécessité d'inventorier ce que nous a laissé cette mutation des années 60/70. On en est encore très près. Ceux qui incarnent cette mutation sont des catalyseurs, ou bien, pourquoi pas, des télescopes sur notre propre histoire..."