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Décembre 2004
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février 2005
mardi 30 novembre 2004.
Fin de mois, fin de moi, faim de moi ... un mois de ce journal en ligne. Hauts, bas, doutes, questions, rencontres, émotions...avant tout : un travail, une énergie, une révolte, un effort de ne pas capituler... Pourtant mon temps est limité. Rester ce que je recherche, ce que j'interroge.
Pourquoi tout ça ? Question mille fois posée. J'aime la page de P. de J. qui finit par : "J'aimerai tellement que la vie soit mieux rangée et que les sentiments soient plus étanches, par égard pour ceux auprès desquels j'exprime mentalement ma compassion quand ma pensée n'est pas entièrement accaparée par une existence futile."
le Ba ba du blogger, une réflexion autant enrichissante que rassurante pour moi, même si je ne me sens pas blogger. J'ai l'impression d'être dans un tunnel obligé, comme le héros du film fait à 18 ans (Stop , séquence 8, celle qui débouche sur le cimetière). Blogger sans le savoir ?
J'ai des quantités de journaux, dans les caisses, sur des disques durs, internes, externes, sur des cahiers d'écoliers, dans des boites à chaussures...et tous ceux que j'ai perdus dans mes 31 déménagements depuis 1955 (Vierzon-Senonches étant le premier dont je me souvienne). Journaux intimes, de multiples voyages, d'hôpitaux (évacuation sanitaire à Sydney suite à un infarctus) , de deuil (mort de mon frère Michel en 1995), journaux d'écriture...Avec ces indécrotable principe ou habitudes non décidés, instinct de survie peut-être, mais réels, de ne jamais rien regretter...Mais ce journal était pour la première fois mis en ligne. Le compteur s'est emballé quand François Bon en a parlé la première fois. Puissance d'internet : entre 4 à 500 visites par jour. Qui sont-ils ? Que recherchent-ils ? ET : qu'y puis-je sinon arrêter ou continuer ? Faire comme si... pour rester soi-même.
Bien sûr P. de J. a raison de citer Juliet et les autres. Juliet qui m'a tenu la main et sauvé l'âme dans le désert mauritanien, perdu et objet d'un dédain amoureux. Il a raison aussi de renvoyer à L.L. de Mars, sur la même galère en proie au même doute. A chacun de chercher les pages qui lui conviennent.

Reçu le dernier numéro du Magazine littéraire avec pour dossier Virginia Woolf.
Mots ou bribes de phrases, citations, ou titres pris dans l'ordre de chacune des 98 pages, sans références, tels que je les ai reçus, en dînant seul au café du coin, une étrange fringale au ventre... :

"Tout un monde - Sanglier traversant un champ de neige ou grenouille coiffée de d'un nénuphar - Ulysse et l'Odyssée - Né dans un trou du cul du monde - Le choix polonais - Le coït comme châtiment du bonheur de vivre ensemble - Kafka a inventé la littérature moderne sans presque quitter sa famille ni son quartier - On entend comme le ricanement d'un dieu absent - Sans oublier l'humour - Froideur des plans, atmosphère onirique, décor hallucinant - L'indiscrétion - La saine distance des expatriés de longue date - C'est dur de défendre un livre - Progression dans le secret de l'individu - Cet objet inanimé qui a donc une âme - Je ne veux pas qu'on tue cette femme - Biodiversité, bonheur, gène, intégrisme, mythe - Tout baigne dans une douce anarchie - Ecrire c'est essayer d'inventer une nouvelle théorie de la littérature - De l'indicible, de l'impalpable, de cette sorte de savoir qui échappe aux mots - Un carnet du bout du monde, en souvenir d'un voyage où je n'ai rien noté - Reconstitution de la cabane de Thoreau à Walter Pond - L'idéal doit précéder le pinceau - Que faire de Jean Genet ? - Une expérience d'écriture qui brise toute récupération - Ne perdons pas de temps à discuter des thèses loufoques de ce nouveau livre - Les mouvements d'âmes vascillantes - Editrice avant-gardiste, elle refusa pourtant de publier l'Ulysse de Joyce - Passerelles inattendues - Une esthétique du fragment - Voir tout l'univers dans un grain de sable et l'éternité dans une seule heure - Tapis magique dans lequel on est immédiatement transportée au sein de la beauté, sans avoir à lever le petit doigt - Les désordres de la mémoire - La traversée des apparences - Le 28 mars elle se suicide en se jetant dans l'Ouse - Elle cherchait sans arrêt le mot rendant un son plus juste - Le " je " peut être un chemin vers l'universel s'il passe par un effacement du moi et s'il est transcendé vers un objet artistique - Quant aux textes de quoi s'agit-il ? - Les affirmations du bonheur...nous laissent plutôt incrédules - Les instants chocs douloureux sont créateurs - La quête du mot juste - Et on parle aussi avec une liberté sans frein de tous les sujets possibles - Nous discutions de copulation avec la même excitation et la même ouverture d'esprit que si nous avions discuté de la nature du bien - Club du vendredi - Sais-tu ce que je vais faire demain ? - Migraines atroces, insomnies, irritation nerveuse, dégoût de la nourriture - J'en conclus que je suis dans l'erreur - Saisir une émotion, s'abandonner à elle, l'épuiser et s'en débarrasser, est aussi éprouvant dans la littérature que dans la vie - Jalousie ? - Rupert meurt le 23 avril 1915, à l'aube de ses 28 ans, foudroyé par une septicémie, au large de Kyros où on l'enterre - Il avait des méthodes personnelles pour se protéger - La mémoire conçue comme essence de l'intime - Il a dix ans de plus qu'elle, et meurt l'année même où elle commence à le lire - Je n'aime pas ce clapotement du temps autour de moi - Si vous ne dites pas la vérité sur vous-même vous ne pouvez pas la dire sur les autres - Comme une déferlante, un raz-de-marée - Ecrire, c'est d'abord écrire au rythme des vagues, dazns les profondeurs sous-marines - La beauté de l'ordinaire - Chaque être, chaque objet a son fantôme - Dans la mort il y a une étreinte - Il passait ce soir- là un film qui me captiva aussitôt - L'écrivain tâtonne pitoyablement - Et puis, il n'est pas si facile de se noyer - Chronique d'une guerre perdue - Dans les maisons bourgeoises, on cachait le beau linge - Pauline ne se contente jamais de ce qu'on lui donne - J'irai cracher sur vos tombes - Commence alors un road-movie où fuite et quête se confondent - Dieu a égaré mon numéro de téléphone - Un poisson hors de l'eau - L'observateur visionnaire de la dégradation du monde - Josef Winkler se tient Sur la rive du Gange - A partir d'un ego désemparé, arrêté dans sa fugue immobile entre d'âcres fumées funèbres - La projection symbolique d'une bouteille d'encre sur un mur - Des femmes changées par sortilège en formules mortes - Sang impur - Hors-série - Les marins ont des noms particuliers pour tout - Les grands textes fondateurs nous apparaissent comme des recours - Aux yeux de la loi française, la filiation s'établit par le ventre - Il faudrait chercher à devenir "minoritaire" plutôt qu'à conquérir le pouvoir, à s'appuyer sur la puissance - Il a la religion du jazz et celle de l'amitié - L'histoire ne dit pas si en cassant sa pipe, il brisa aussi le magnum - L'herbier du monde - les sciences humaines ont enfin leur dictionnaire - Toute beauté est singulière - Complétez votre collection - Au risque de la volupté - En cette quête perpétuelle gît le mystère des passions simples - Penser la complexité - Photo pleine page - Je me suis demandé comment j'avais pu me tromper, et j'ai cherché les causes dans ma propre façon de penser - Selon le principe qui veut qu'un texte s'éclaire par son contexte, la connaissance doit toujours situer son objet - Le propre des idéologies est d'être closes - Ne pas déléguer à l'autre l'apprentissage de soi - So help us God. "

Pourquoi subitement penser et avoir très envie de revoir l'Amour fou de Rivette, tant aimé, jamais revu depuis 35 ans ?
A cause de l'Histoire de Marie et Julien, passé ce matin à 1h 40 sur Canal + et que je n'ai pu voir, n'étant pas abonné et de toute façon croulant de fatique et travaillant dès 8 heures ?
A cause de cette nuit qui me revient souvent, passée à San Francisco en tête à tête avec Jean Eustache, d'une tristesse infinie, et qui m'avait parlé dans un bar minable du centre ville, de Jacques Rivette et de ce qu'il était en train de préparer ?

Dernière phrase de Tristano de Tabucchi :
" Regardez la pendule, quelle heure est-il ? Ca vous semblera stupide, mais je tiens à le savoir, c'est la dernière chose que je veux savoir... De toute façon demain est un autre jour, comme on dit."
En fait, Il est déjà demain.