Depuis huit ans qu'il est aux affaires, John Howard, Premier ministre conservateur (et raciste), a toujours entretenu des relations tendues avec la communauté aborigène. Fort de sa réélection le 9 octobre dernier,il n'arrête pas depuis de faire des déclarations fracassantes et imbéciles et de vouloir "réinventer" la culture aborigène.
Il a ainsi indiqué la semaine dernière que les aborigènes d'Australie devraient avoir "plus d'esprit d'entreprise", et a évoqué la possibilité de remplacer les structures traditionnelles de propriété foncière par des droits de propriété privée, estimant que " la culture aborigène ancestrale devait changer".
Son gouvernement a même proposé récemment aux habitants de Mulan, une communauté d'Australie méridionale, de recevoir l'équivalent de 132.000 dollars US pour qu'elle s'achète, " dans le cadre du développement d'activités touristiques", des pompes à pétrole.
L'horrible est la condition subordonnée à cette subvention. Il faut la lire pour le croire ! :
Les habitants de Mulan devaient s'engager à doucher quotidiennement leurs enfants, se laver le visage deux fois par jour, vider la poubelle de la maison deux fois par semaine et désinfecter quatre fois dans l'année.
On croit rêver .
Quelle proposition avilissante et humiliante.
j'ai honte pour les australiens blancs.
Je pense à mon ami aborigène Philip Mc Laren. Il me manque. J'espère qu'il pourra revenir un jour en France, comme il le désire depuis un certain temps. Je sais combien, malgré sa célébrité (il a reçu le David Unaipon Award for Black Australian Writing), son combat et sa vie sont difficiles dans un tel pays.

Je recommande bien sûr chaudement la lecture de ses livres dont deux ont été traduits en France. Un écrivain comme je l'entends et les aime. Malheureusement et malgré son premier livre qui fut en Australie une révélation et un best seller en 1993, il continue de galèrer dans ce pays raciste, et ailleurs, où on ne lui pose toujours que la fatidique question : " Mais vous...euh...aborigène...pourquoi vous écrivez..."
Je vous laisse imaginer les sous-entendus et entendre les non-dits.
Il faut toujours se méfier des questions qui commencent par : Mais vous....
Mais vous...fils d'ouvrier, comment avez-vous pu sortir de Saint Cloud...?
Mais vous...professeur de Sciences, comment pouvez-vous vous intéresser à la littérature, écrire et peindre ?
Mais...vous qui venez de la Vendée...comment pouvez-vous écrire... ?
Mais vous, qui n'êtes pas parisien...
Mais vous...
C'est un mauvais début de question, mais la chute est souvent pire encore.