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février 2005 |
Jeudi 23 décembre
Seule la sculpture humaine debout devant lui peut le faire, c'est-à-dire
l'œuvre elle-même. Est-ce à dire qu'on ne peut ni entrer dans l'oeuvre ni s'y substituer, mais qu'avoir
un regard extérieur, de voyeur sur elle ? En fait, la photo du journal est elle-même trompeuse, il ne s'agit pas d'un portrait peint sur le mur mais d'un masque, qu'il utilise fréquemment dans son œuvre. On peut d'ailleurs dans une autre exposition mettre sa tête derrière le masque, voir les dents, la salive...et l'entendre ronfler. Ce sculpteur, à chaque fois que j'en vois ou découvre des pièces, me dérange et m'effraie. Et je ne sais pas encore pourquoi. Affaire à suivre. Un autre article parle de Catherine Binet, compagne de Georges Perec, pour le livre qu'elle vient de publier, Les fleurs de la Toussaint. L'article se termine par une citation qui m'ébranle : «Je ne savais pas que la mort dût se substituer aussi prestement au mort lui-même.» Visite d'E., comme toujours très rapide et pressé. Il regarde en vitesse les livres ou revues qui traînent sur la table, refuse un café, et dit qu'il doit partir. Frustration de ne plus pouvoir parler avec lui, qu'il ne s'intéresse pas à mon travail ni à mes projets... comme si cela lui permettait de ne pas parler de lui ni de ce qu'il fait ou ne fait pas. Que je ne l'intéresse plus, ou que je le dérange, dans les deux cas, cela m'attriste...et me fait regretter le " bon vieux temps " de notre amitié indéfectible. Mais peut-être suis-je pressé à mon tour, que ce ne sont que des impressions. Le silence est toujours ambigu, et je ne suis pas à Nogent depuis logtemps... Achète encore quelques livres pour offrir à des amis, et pars dans la banlieue Sud de Paris, sur la commune de Maurepas je crois, chez Patrick G. et sa famille, dont j'apprécie tant le travail photographique qu'il n'a malheureusement pas le temps, le courage, la confiance ou tout simplement la nécessité de le faire connaître. Longue nuit en perspective à boire, manger et raconter des histoires... |